jeudi 26 juin 2014

9 juin 2014, la nuit de la grande désolation à la vigne de La Haumuche

Vers 5 h du matin, un orage terrible s'est abattu sur le vigne de la Haumuche. Pendant plus de 20 minutes, une pluie de grêlons énormes a tout ravagé sur son passage. Un nuage d'environ 5 km de largeur se déplaçant d'ouest en est, en provenance de Lusignan, Poitiers, Montamisé a survolé la Haumuche, le bourg de Bonneuil-Matours, le Trait et aussi la Grève pour filer vers Monthoiron.


Par endroits des congères se sont formées,
elles résistent au soleil du lendemain.
12 heures après l'orage, on trouve encore des grêlons
gros comme des balles de golf.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

État des lieux

La grêle, d'une violence comme je n'avais jamais vue,  a tout broyé sous les impacts répétés de grêlons gros comme des balles de golf.
Au lever du jour, la belle vigne qui promettait une bonne récolte a laissé la place à un paysage complètement désolé. Il ne reste plus une seule feuille ni une seule grappe en fleur sur les ceps. Les vendanges seront symboliques. Dans cette langue de terre ravagée par la grêle,  les arbres ont perdu la moitié de leur feuillage, les herbes en bordure de route et les foins sont comme fauchés. les cultures, les maïs, les  champs de céréales, sont complètement dévastés, c'est un désastre pour les professionnels.

Le haut de la vigne la veille de la tempête.
Le haut de la vigne le lendemain de la tempête de grêle.

 Tout le haut de la vigne a été complètement broyé par les grêlons.

Le bas de la vigne la veille de la tempête.

Le bas de la vigne le lendemain de la tempête de grêle.

 Il en a été de même pour la partie basse. Les sarments ont été cassés, mis au sol et broyés.
 Les jeunes ceps ont particulièrement souffert.

Le jeune cep comme tous les autres a été complètement lacéré.
Ce plant de l'année s'en remettra t-il ?
 Les vieux ceps n'avaient jamais vu un tel acharnement de la nature.

Un beau cep complètement lacéré.


















Les marques des grêlons ont visibles sur ce piquet.
Autour de lui tout est ravagé.
Le matériel a aussi souffert.

La caravane est constellée de creux. Le volet a véritablement explosé.




La borne incendie plantée au carrefour voisin a perdu sa peinture.

Les étiquettes en bois, sont coupées en 2.


Le pluviomètre n'a pas résisté.
2 grêlons au moins ont perforé l'entonnoir.

Les actions immédiates

La consternation a été de courte durée, il fallait intervenir vite pour aider mes petits bonzaïs à se remettre sur pied. Mais quoi faire ?
Si l'on réfléchit un peu, on perçoit que ce n'est pas la première fois que la végétation est soumise à ce type d'épreuve. Au cours des centaines de milliers d'années, il y en a eu des orages violents et même des pires sans doute et les plantes ont survécu. Mais ces ceps de vigne, bien que des végétaux, ont tellement été manipulés par l'homme qu'ils n'ont plus grand chose de naturel, tout au moins dans leur port et leur conduite végétale. Mais restons modeste et faisons confiance à la nature qui saura guérir ces plaies.
Un nettoyage rapide des sarments à moitié arrachés, lacérés ou déchiquetés a été effectué. Un traitement à la bouillie bordelaise avec en même temps le broyage au sol des branches et feuilles par le passage de la tondeuse s'est imposé pour redonner à la vigne un aspect moins chaotique. Les ceps sont fragilisés, espérons que ce traitement va ralentir l'apparition des maladies sur les plaies et le feuilles déchirées.

La réaction de la vigne

Quelques jours après la tempête, la vigne a maintenant l'aspect d'une vigne au mois d'avril, peu après le débourrage. Les sarments sectionnés par les grêlons pleurent. De nouveaux bourgeons apparaissent sur de nombreux ceps. Sur d'autres, il ne se passe encore rien, ils sont comme morts. Les boutures qui venaient juste de faire leurs premières pousses n'ont plus rien, vont-elles prendre ?
Il faut écheniller avec beaucoup d'attention, car la forte poussée de sève de la vigne en pleine végétation provoque la formation de sarments un peu partout depuis la base des pieds.

Des conséquences graves

De nombreux ceps ne vont pas survivre, en particulier les jeunes plantations qui ont beaucoup souffert. J'avais trouvé des rigets  d'anciens plants, tels des rayons d'or, des rois des blancs, de l’Othello même qui n'existait pas dans la vigne et que j'avais plantés au printemps pour enrichir la collection. Vais-je pouvoir en sauver quelques uns, pourrais-je en retrouver d'autres ?
Cette année, suite à un climat printanier propice, les ceps étaient garnis de nombreuses grappes en fleur, cela promettait une bonne récolte. J'étais fier et admiratif, la vigne ressemblait à quelque chose. Tout a disparu. Il ne restera pas même une cassette de vendange à ramasser. Alors, adieu les vendanges, nous ferons la fête autrement.
Et puis, les sarments ont été détruits. De la belle taille en gobelet ou Guillot il ne reste rien. L'allure des ceps même va être modifiée. Retrouveront-ils une belle allure ? La taille de l'année prochaine sera de ce fait très délicate.
Même les vendanges de l'an prochain paraissent bien mal engagées.

Gardons espoir et restons attentifs, cette vigne vieille de plus de 150 ans ne peut pas disparaître comme ça.

lundi 10 février 2014

La transformation de la vendange de la vigne de La Haumuche : l'égrenoir et le pressoir et le tonneau

Le soir même des vendanges, les comportes contenant les raisins blancs sont descendus de la petite remorque et du coffre du Scenic et vont être vidés dans le pressoir après passage dans l'égrenoir. Ce n'est pas si facile que ça. On transvase, à 2, une partie des grappes dans une baille qui passe juste entre les poutres du plafond et le haut de l'égrenoir et l'on verse avec précaution dans le goulet conique en veillant à ne pas laisser échapper une graine. C'est encore du travail d'expert. Mais les jeunes sont bien formés maintenant. Il vous remplissent le pressoir en un petit quart d'heure. Mathieu et Luc s'en sortent particulièrement bien. Vincent participe à la manœuvre, sans compter les filles qui adorent ça. Ensuite, on presse les raisins après avoir bien installé la cage du pressoir, le chapeau, les bois. La petite barre puis la grande barre font tourner le gros écrou, il faut même s'y mettre à deux pour augmenter la pression sur les raisins. C'est un travail de force et là aussi tout le monde aime bien s'y coller.

L'égrenoir :   

Cet appareil, sert à écraser les graines de raisin pour en faciliter l'extraction du jus. Ce sont 2 rouleaux métalliques dentés, contrarotatifs (qui tournent en sens contraire l'un de l'autre, il n'y a qu'à faire le geste avec les 2 mains  l'index tendu  !) entre lesquels on va faire passer les raisins avant de les presser. Les spécialistes les appellent aussi fouloirs ou fouloir-égrappoir. Auparavant mon père transportait l'égrenoir dans la vigne. On le plaçait sur la cuve et l'on vidait la vendange dedans depuis la hotte. C'est Aline qui se mettait, même toute jeune, à la grosse manivelle en fonte et broyait le raisin frais, elle aimait beaucoup ça. Mais maintenant pour préserver toute sa fraîcheur au raisin et pour éviter que le jus ne s'oxyde au contact de l'air une fois la peau de la graine déchirée, au contraire, on manipule les grappes de façon à garder les graines intactes le plus longtemps possible.


Avant, du temps de mon père, l'égrenoir était perché sur la cuve
à vendange et l'on y versait le raisin directement depuis la hotte.
C'était haut ! 
Maintenant, l'égrenoir ne sort plus du chai. Il est placé sur
le pressoir pour égrener le raisin blanc, le soir même des vendanges.

La préparation est minutieuse. La grosse manivelle en fonte est fragile.
Voilà, tout est en place, on va pouvoir vider les bailles.
Il reste peu de place sous le plafond.

N'est-elle pas belle cette vendange ?
 Du Sauvignon et du Chardonnay bien mûrs.
De la vieille mécanique robuste mais qui vieillit tout doucement.
Il faut l'entretenir.
Allez, tournez manège.
Le service de l'égrenoir est terminé, il faut faire la lessive.
Et voilà, les raisins blancs sont écrasés et arrivés dans le pressoir.
On va passer à la phase suivante
 La phase suivante, c'est le pressurage..... 

Le pressoir : 

 Cet appareil est utilisé pour presser les raisins pour en extraire le jus. C'est en 1975, je crois, que mon père s'est procuré le pressoir que nous utilisons aujourd'hui encore. Nous étions allés le chercher lui et moi du côté d'Availles en Châtellerault si mes souvenirs sont corrects. Il l'avait déniché chez un ancien client, un vieil agriculteur aux grands pieds... Pour charger cet appareil dans la remorque (je me demande si ce n'était pas la remorque de mon petit dériveur que j'avais modifiée en fabricant un plateau sur le châssis métallique) on avait entrepris de démonter ce pressoir. On avait d'abord enlevé la cage. C'est ainsi que se nomme le cadre cylindrique en bois cerclé de fer, qui fait environ 1 m de diamètre pour autant de haut et qui va recevoir le raisin.
 
Vue générale du pressoir, avec sa cage en bois et la mécanique qui descend le long de la grosse vis centrale.
La cage se sépare en 2 éléments identiques. Des poignées en facilitent la manutention. Un jeu de 6 clés, barreaux d'acier un peu tordus, une forme judicieusement étudiée, maintient fermement collés les 2 éléments (J'ai confectionné des petites cales de centrage que l'on met tout autour de la cage pour bien la centrer). Ensuite, on trouve les bois. De bas en haut, on trouve d'abord posé sur la vendange que l'on va presser un disque de bois qui fait bien 5 cm d'épaisseur. Il est ajusté au diamètre intérieur de la cage et percé en son centre pour laisser passer la grosse vis centrale. Ce chapeau est constitué de 6 pièces de bois munies de poignées que l'on positionne avec précaution dans la cage. Au-dessus, on place les bois en quinconce. 
Le centrage des bois dans la cage demande beaucoup d'attention.
Les bois intermédiaires sont lourds.
Ce sont des entretoises en chêne de 12 x 12 cm2 de section et de différentes longueurs qui reposent d'abord sur le chapeau pour les 4 premières en veillant à ce qu'elles touchent tous les éléments du disque, puis 2 autres à 90 ° par dessus les premières, et encore 2 autres jusqu'à ce que la construction dépasse largement au-dessus de la cage. Tout cet ensemble repose sur un plateau métallique circulaire inférieur qui comporte 4 pieds eux aussi en fer. Un petit rebord de fer entoure ce plateau pour retenir le jus qui sort de la cage et qui converge vers une gargouille elle aussi en métal. 

Le bon jus de raisin transpire de la cage et s'écoule par la gargouille
de fer dans le cuveau.

L'ennui, avec le Noah, c'est que la pulpe gélatineuse
passe à travers les barreaux de la cage.
Au centre du plateau, se dresse verticalement une vis d'acier d'environ 10 cm de diamètre et toute la mécanique du pressoir qui s'enroule et descend autour de cette vis va venir écraser les raisins coincés entre le plancher du pressoir, le chapeau de bois et la cage.
 
Au-dessus d'une dernière travée de bois, la mécanique en fonte fait descendre le chapeau pour écraser le raisin.
 Un système astucieux et robuste fait tourner un énorme écrou autour de la vis centrale, grâce à un grand levier animé d'un mouvement de va et vient et ainsi  fait descendre inexorablement l'assemblage des bois.

Le levier avec la grande barre fait descendre les éléments de bois
dans un mouvement de va et vient.
La clavette avec ses pans inclinés se soulève puis redescend
dans son logement pour faire avancer l'écrou sur la vis.
L'écrou possède un plateau circulaire horizontal de fonte épaisse percée de 2 rangées de lumières (trous de section rectangulaire d'environ 3 cm par 2 cm) dans lesquels vont venir glisser 2 clavettes. Suspendu sous ce disque et solidaire de la première travée de bois, un levier de grand rapport de force entraine l'écrou dans son mouvement alternatif. Quand le levier va dans un sens, les clavettes d'acier se soulèvent grâce à leur pan incliné et retombent dans la lumière suivante, faisant un joli son métallique. Lorsque le levier retourne, la clavette ne soulève pas, elle pousse l'écrou qui va tourner un peu autour de la vis. Et comme il y a 2 clavettes diamétralement opposées, chaque mouvement du levier fait avancer une clavette ou l'autre alternativement. Pour changer le mouvement de sens et remonter l'écrou, il suffit de retourner les clavettes et leur pan incliné change de sens. La mécanique possède même 2 vitesses car 2  logements et 2 rangées de lumières ont été aménagées sur 2 cercles de diamètres différents.


En exclusivité, le chant du pressoir.

Et pour terminer mon histoire de déménagement du pressoir, après avoir enlevé toutes les pièces de bois, lorsque nous sommes arrivés au démontage de la tête en fonte, nous ne savions pas trop comment faire. Les 4 bonshommes, le vieil agriculteur, un membre de sa famille, mon père et moi, debout sur le rebord du plateau du pressoir, examinions cette mécanique avec appréhension. Sans prévenir, quelqu'un tira sur une goupille qui se trouvait là du côté de l'axe du levier et l'ensemble de la mécanique sauf  l'écrou tomba brusquement de toute la hauteur du pressoir dans un grand fracas. On se regarda, surpris autour de la vis et c'est à ce moment que notre agriculteur poussa un grand cri de douleur. Il avait de trop grands pieds et la fonte et les gros bois et le reste lui étaient tombés sur le bout des pieds. Nous avons quand même chargé le pressoir dans la remorque,  bu un coup et payé en liquide naturellement. Sur notre insistance nous avons examiné le pied de notre pauvre ami. Il a eu beaucoup de mal à enlever son gros brodequin et nous avons tout de suite vu ses orteils déjà gonflés et tout bleus. Quelques jours plus tard il nous a appris qu'il s'était bien cassé quelques orteils. Je n'ai pas de souvenir particulier du voyage avec le pressoir, tout s'est donc bien passé par la suite, y compris son installation dans le chai et le réglage de la pente du plateau pour l'écoulement du bon jus dans la gargouille et rien que par là.

Au début du pressurage, la cage était pratiquement pleine.
A la fin du pressurage, il ne reste plus qu'une galette de râpe bien sèche.

Le tonneau :

Cet appareil, ou plutôt ces appareils vont réceptionner la vendange. Il y avait le tonneau et les barriques (je parle au passé car je ne les utilise plus aujourd'hui. Dans les années 90, mon père a acheté un garde-vin en fibre de verre de 10 hL pour remplacer le tonneau, la vendange fermentant directement dans le charreau inox. ). Ce sont des grands récipients en bois. Dans le tonneau, on faisait fermenter la vendange constituée des raisins rouges passés à l'égrenoir. On y ajoutait souvent la galette de raisins blancs que l'on avait pressée, il fallait tirer parti de tout !

Le vieux tonneau en chêne de 25 hL et de 350 kg à vide ne sert plus aujourd'hui.
Il mesure 1,5 m de haut et 1,5 m de diamètre.

 Il fallait transvaser la vendange fraîche depuis la cuve dans le tonneau, d'abord à la fourche, puis au seau. C'était fastidieux. Ensuite on constituait un couvercle circulaire de planches de bois qui reposait sur la vendange. On le calait avec des poteaux sous le plafond du chai pour faire une fermentation à chapeau immergé*.
En bas du tonneau un gros robinet de bois permet d'extraire le jus. Afin qu'il ne se bouche pas, on confectionnait une crépine avec une petite brassée de sarments frais que l'on liait avec une ficelle. On faisait sortir les 2 bouts du lien par le trou du tonneau puis on enfonçait le robinet au maillet, en tirant bien sur la ficelle pour que la crépine reste bien placée devant l'entrée du robinet.
C'est surtout quand il fallait dépoter* la vendange que c'était compliqué. On descendait dans le tonneau pour le vider de son contenu dans le pressoir. Une bonne odeur de vin nouveau remplissait les narines, mais c'est surtout le gaz carbonique asphyxiant qui avait été émis en grande quantité au cours de la fermentation qui était dangereux. Au bout d'une ficelle, on faisait descendre une bougie allumée dans le tonneau et on remontait souvent au-dessus de l'ouverture pour respirer un bol d'air frais.

 

Le coup du lapin sur la tête de robinet : 

J'avais juste 18 ans, je venais de passer mon permis de conduire. C'est mon grand-père maternel "mon grand-père Fati" qui m'avait appris. Quand il avait pris sa retraite de garagiste, il avait monté une activité d'auto école. Il  a ainsi appris à conduire toute une génération de Bonnimatois. Il savait y faire. Alors, un soir, quelques jours après les vendanges, en rentrant de je ne sais où avec l'amie six break Citroën de mon père, j'ai entrepris de la ranger dans son garage qui n'était autre que le chai. Au fond, il y avait le tonneau plein de vendange qui fermentait. Une fausse manœuvre de débutant, l'angoisse, mon pied glisse du frein, la voiture fait un soubresaut et va heurter le tonneau ! J'essaye une marche arrière et réussis tant bien que mal à dégager la voiture. Vite je descend constater les dégâts. Ouf rien ne coule du tonneau, mais le robinet est cassé net au niveau de la poignée. On ne peut plus ni l'ouvrir, ni le fermer. Je vais prévenir mon grand-père, l'autre, Denys, le vigneron. Il arrive sans tarder et constate avec stupeur que sa vendange est menacée. C'est probablement une des rares fois où je me suis pris une engueulade de sa part : "Espèce de petit couillon, tu pouvais pas faire attention ? ". Après expertise du robinet il est allé fouiner dans une vieille boîte posée sur l'étagère. Il en a extrait une nouvelle tête de robinet de la bonne dimension qu'il a enfoncée à la place de la tête cassée. Ouf, on boira du vin nouveau.

Les autres futs :

Au même titre que le tonneau, je n'utilise plus de barriques en bois pour stoker le vin ou le jus de raisin. J'utilise seulement des petits barricots de faible contenance, de 20 L à 60 L pour le Vermouth et les vins spéciaux. Il y a beaucoup de pertes par transpiration à travers les parois de bois et souvent des mauvais goûts apparaissent.
La collection de petits fûts avant que je m'en fasse dérober 2 à 2 reprises.
 Il fallait les nettoyer en les remuant sur un vieux pneu. On mettait une chaîne à l'intérieur pour détacher la gravelle*. Après les avoir fait sécher, quand on ne les utilisait pas il fallait les mécher*. Pour éviter que le vin ne s'oxyde et ne se transforme en vinaigre au contact de l'air il faut toujours ouiller* les barriques. Avec le garde-vin de 1000 L acheté par mon père et pour lequel j'ai fait faire un couvercle étanche sur mesure, j'ai complété les fûts avec un garde-vin de 500 L acheté à l'automne 2013, 1 garde vin de 200 L  et 2 garde-vin de 100 L.  Tous possèdent un couvercle flottant avec une chambre à air périphérique qui assure l'étanchéité et l'absence d'air au contact du vin, gage d'une bonne conservation. Malheureusement c'est difficile de se tirer une petite chopine de vin au larron*.
La cuve de 500 L possède un douzil* moderne, un petit robinet placé à mis hauteur, qui a bien moins de charme que le petit coin de bois que l'on retirait et qui laissait sortir un petit jet laminaire de vin (à la condition de déboîter la bonde du fût pour laisser rentrer l'air).

Bon voilà, le matériel est prêt, on va pouvoir procéder aux diverses vinifications, à suivre donc...


* chapeau immergé : au cours de la fermentation des raisins, la pulpe et les rafles ont tendance à remonter à la surface.
Une couche de plusieurs centimètres de matière solide recouvre alors le jus en fermentation. C'est pour maintenir cette matière humide et en extraire ses composants qu'on la maintient immergée avec un couvercle non étanche qui appuie dessus.
* dépoter la vendange : opération qui consiste à vider le tonneau du jus de raisin fermenté et des restes de pulpe et de rafle en vue de les presser pour en extraire tout le jus. C'est une opération salissante et fastidieuse, une des moins amusantes de toutes celles qui concernent la vigne et la vinification.

* la gravelle : c'est un dépôt de sel de tartre (tartrate de potassium ou de calcium ?) non soluble qui est produit par les levures lors de la fermentation . Cette gravelle constituée d'une multitude de petits cristaux est souvent difficile à détacher des parois.
* mécher la barrique : pour aseptiser la barrique, on fait brûler une petite mèche de souffre suspendue à un crochet en veillant  à bien reboucher avec une bonde de liège ou de bois.
* Ouiller la barrique : opération qui consiste à maintenir le fut complètement plein de façon à ce que le liquide ne soit pas en contact direct avec l'air, sinon, il y a oxydation et transformation en vinaigre.

* Larron : " Hors mis qu'on y goûte, va donc tirer à boire au larron" me disait mon grand père. Alors je décrochais le tuyau de caoutchouc de son clou l'introduisais par la bonde, aspirais un grand coup jusqu'à en avaler une bonne goulée, et recueillais le précieux breuvage dans le verre à dégustation.

* Douzil (ou dousil) : petite fiche de bois conique qui obstrue un petit trou pratiqué dans la façade de la barrique. On le retire et jaillit un petit jet laminaire de vin. Le chalenge est de bien remettre le douzil avant que ça déborde
Dicton : "S'il tonne en Avril, vigneron scie le douzil.".
Voir "la confrérie des Tire Douzils".








lundi 16 décembre 2013

Les transformations de la vendange de la Vigne de la Haumuche : la descente au chai.

Pour valoriser la vendange en produits variés, il faut disposer d'un local adapté. Depuis des temps immémoriaux (En fait je n'ai pas cherché depuis quand la famille possédait ce bâtiment.), la vendange et les vaisseaux* sont descendus au bas-bourg de Bonneuil dans ce que nous appelons aujourd'hui le chai.

Le chai  : Il est installé dans une très vieille bâtisse datant du moyen âge au moins, située dans le bas bourg du village, tout près de l'église, à l'angle de la Place de l’Église et de la rue du Château. 2 corps de bâtiment en pierre, avec étage et grenier, séparés par un mûr épais en constituent la structure. La partie qui est enclavée dans les constructions voisines ne possède pas de façade sur la rue. Elle est accessible uniquement par une vieille porte, elle est désaffectée depuis bien longtemps. La partie ouest, possède 2 étages. Elle a subi de très nombreuses transformations visibles dans les murs. Le rez-de-chaussée a servi d'auberge autrefois. On dit aussi qu'il a hébergé la Mairie du village, juste après la révolution, mais c'est faux. Ladite Mairie était située, à côté du presbytère, à gauche du porche, au-dessus d'une vieille cave dans laquelle on entre par un bel escalier de pierre. En empruntant cet escalier, on y découvre alors, en son centre, une magnifique colonne de pierre, vestige de l'ancien monastère (?), qui a donné son nom au village. Ce couvent aurait été détruit par un incendie dans les années 1510. On en trouve encore des traces dans les pierres roussies de certains murs du quartier et les actes paroissiaux auraient été brûlés alors. On ne peut remonter notre généalogie plus loin dans le temps. J'ai connu ce bâtiment qui servait de silo à blé pour la ferme de mes cousins Bodin. La grange a été rachetée par mon cousin Jean Penot en 2001(au moment des élections municipales !). Il en a fait un confortable studio.
Revenons au chai. Il a donc hébergé une auberge, mais pas la Mairie, et, avant la guerre 39-45, à l'étage, vivait la dernière chaisière* de la paroisse :  Mme Pirronnet. Sa petite fille qui est passée récemment dans le bas-bourg, m'a confirmé la chose. Les membres de la famille Colin en ont été les derniers locataires, jusque dans les années 1960. Jean-Michel Colin y serait né, "un accouchement difficile" m'a raconté mon grand-père. La mère, Étiennette était plutôt bien enveloppée et le bébé plutôt lourd. Tout le voisinage a pu suivre l'évènement.

On entre dans le chai, en contrebas de la place de l'église de 2 bonnes marches, par une très ancienne porte qui n'a plus d'âge. Une porte en bois, avec des charnières qui grincent, une serrure hors d'âge et un loquet comme il n'en existe pratiquement plus. Les planches de chêne sont encore liées ente-elles par des chevilles de bois. On y tient beaucoup à cette porte. J'ai dû me résigner à rajouter un verrou moderne mais discret, suite à 2 cambriolages récents. Plusieurs jolis petits barriquauts (baricauts) pleins de vin ou de vermouth nous ont été dérobés à ces occasions. C'est comme ça. Cette entrée est située sous un escalier extérieur en ciment, fort délabré et très moche, qui permettait d'accéder directement à l'étage. Je ne sais pas si c'est mon grand-père qui l'avait fait faire par un maçon du nom de Derma pour ses locataires, mais ce que ma mère et ma tante Denise m'ont confirmé tout récemment, c'est que ce maçon, artiste à ses heures, avait sculpté, pendant la guerre de 39 - 45 un bel écusson en pierre dans le linteau de la porte de l'étage. On peut y reconnaitre l'initiale D suivie de  P avec probablement d'autres lettres entrelacées (les initiales de Denys Penot mon grand-père), au-dessous, une fleur a été gravée pour compléter ces armoiries. Ce pauvre Derma a été dénoncé comme étant communiste. Il a été déporté et n'est jamais revenu.

Sur cet écusson gravé dans le linteau de la porte du 1er étage du chai
on peut lire les lettres D et P (Denys Penot). et au-dessous une fleur.
La porte du chai très ancienne est en contrebas de la chaussée.

Les panneaux de la porte sont fixés
par des chevilles en bois hors d'âge.

Ce qui me frappe le plus dans cet ensemble de bâtiments ce sont les nombreuses cheminées très anciennes. 2 grandes cheminées superposées, avec corniches pyramidales inversées, trônent dans la partie arrière dont les étages ont été partiellement défoncés. On peut les apercevoir d'en bas. Chaque étage du chai à proprement parler possède bien sûr sa cheminée. Celle du rez-de-chaussée est vraiment particulière. Elle est constituée en fait de 2 cheminées imbriquées l'une dans l'autre. La plus grande très ancienne, avec son chambranle démesuré, soutient les poutres du plafond, la deuxième, tout en pierre taillée semble blottie dans l'âtre de la première. A l'étage, subsiste aussi une jolie petite fenêtre renaissance avec, taillé dans la masse, son siège en pierre. La fenêtre a été murée comme beaucoup d'autres à l'époque où elles étaient taxées.

La cheminée du rez-de-chaussée dans la pièce
attenante au chai.
Il y en a une autre pratiquement identique à l'étage de
ce corps de bâtiment.
La cheminée double du chai, avec la cheminée en
pierre, encastrée dans la plus grande.
Devant on a stocké les portes vitrées de l'ancien
magasin de chaussures..
 Au fond du chai, contre le mur de séparation des 2 corps de bâtiment, on distingue bien nettement l'entrée en demi-cintre d'une cave voutée. Un bel escalier en pierre de taille a été obstrué par des gravats et la cave condamnée (quand ?). En 1974, c'est moi qui ai comblé le seuil avec du ciment et scellé une grille pour en faire un réceptacle pour l'eau de nettoyage des barriques et autres récipients, avec la bénédiction de mon grand-père Denys. J'ai bien envie de rouvrir ce passage et remettre en valeur cette cave qui s'étend sous le corps de bâtiment  arrière. Mon grand-père en avait percé la voute pour en faire des latrines pour ses locataires. Il n'y avait pas le tout à l'égout en ce temps là. Il en avait fait de même avec une autre cave voutée située sous un autre bâtiment de l'autre côté de la Rue du Château pour la maison familiale. C'étaient nos toilettes quand j'étais adolescent, il y faisait froid l'hiver, il n'y avait même pas de lumière et ma petite sœur avait trop peur d'y aller. Tout ça c'est terminé maintenant. Le bas-bourg de Bonneuil doit être truffé de caves de ce genre (J'en connais 2 ou 3 autres au moins.). Le niveau de la Vienne devait être plus bas que ce qu'il est aujourd'hui, malgré la présence d'un barrage en aval du bourg. Et même souvent, il fallait descendre 2 ou 3 marches pour entrer dans les vieilles bâtisses du quartier.



Vue du seuil de la cave située au fond du chai. Autrefois, le chai
a été une auberge. On entreposait les barriques dans la cave.
Une marque d'usure dans la pierre centrale du seuil laisse
imaginer les efforts de mes ancêtres. pour descendre les lourdes futailles.


Dans les années 50, le bâtiment a été transformé en garage : une porte de garage a été percée et le beau dallage en partie enlevé. Moi qui souhaite une hygiène impeccable dans le chai, j'ai beaucoup de mal à nettoyer les joints plus ou moins profonds et larges, laissés entre les grosses dalles restantes. Mais c'est rustique et beau. En effet, ce dallage est fait de grosses pierres calcaires polies, provenant des carrières proches, de Lavoux ou de Chauvigny, mais plus probablement de la carrière du Goulet (?). Mon grand-père me parlait souvent d'une autre carrière à Bonneuil mais disparue aujourd'hui. On y extrayait une pierre de très bonne qualité qui aurait été utilisée jusqu'à Paris pour la construction de bâtiments prestigieux. C'est Camille Benoît, un vieux maçon du village à qui l'on doit de nombreuses constructions solides, qui m'a raconté ça. Était-ce pour agrandir le chai que cette ouverture a été pratiquée ? Je pense que c'est plutôt pour y garer la fourgonnette Peugeot que mon grand-père avait acquise et que mon père utilisait pour effectuer ses tournées de chaussures dans tous les villages voisins de Bonneuil, jusqu'à Saint Georges et Dissay  d'un côté et Senillé et Targé de l'autre.

C'est pour abriter le petit fourgon Peugeot destiné aux tournées de chaussures
qu'une porte de garage a été percée dans la façade ouest du bâtiment qui sert de chai aujourd'hui.
Le commerce était prioritaire devant tout le reste, normal car la vente des chaussures  constituait le revenu financier principal. Cette belle maison datant du moyen âge au moins en a été toute défigurée, mais ceci permet aujourd'hui d'encuver la vendange dans le chai avec un minimum de manipulations.
Il faut rentrer dans la bâtisse à reculons, en poussant la remorque portant un charreau bien plein et en passant par cette porte tout juste assez large. La manœuvre est périlleuse, il y a un caniveau et un petit trottoir à enjamber qui compliquent l'affaire. Il faut s'arrêter juste assez profondément dans le chai pour que la cuve soit suffisamment proche du pressoir.  Il faut aussi s'assurer que l'on puisse ouvrir au moins une portière de la voiture tractrice car l'engin se retrouve coincé entre les 2 montants de la porte percée dans un mur épais de 60 cm. C'est du travail de spécialiste !

La descente de la vigne au chai : Bon voilà, cette année la vendange est arrivée à bon port, sans encombres. Le charreau ne s'est pas renversé dans la côte de La Goutaille comme c'était arrivé une fois. Il y avait trop de raisins cette année là. Les cuveaux débordaient et le pauvre cheval de l'Oncle Roger Prudent s'était laissé emporter dans la descente, tout avait chu dans le fossé.
 (Comme la Marie Louise de la chanson..."Tint te bin j'allons chalouper, si te t'tins pas tu chéras Marie-Louise, Tint te bin, j'allons chalouper, si te tins pas te chéras dans l'foussé."). Un drame. En fait, l'oncle Prudent qui n'avait pas été prudent cette journée là.  C'était un grand gaillard, costaud et gentil. En vérité il s'appelait Auguste de son nom, un descendant de champis* donc sans doute, comme aurait dit mon grand-père.
Je me souviens pour une vendange, je descendais la remorque derrière la Renault 12 break de mon père et  j'ai bien failli en faire autant. Abordant ladite descente de La Goutaille un peu trop vite, quand j'ai commencé à freiner, la remorque m'a poussé et la voiture a commencé à partir en crabe. Pour éviter la catastrophe, j'ai  accéléré au contraire pour redresser l'attelage et essayer de contrôler au mieux la trajectoire de l'équipage. Ça allait de plus en plus vite, les petits virages le long du ruisseau ont été pris tant bien que mal, heureusement personne n'arrivait en face. Une fois arrivé au bas de la descente, il y avait un faux plat qui m'a permis de freiner doucement jusqu'au croisement du chemin avec la grand-route de Poitiers, au carrefour du Pontreau où ça remonte un peu. Mais quelle frayeur ! Depuis, je marque un temps d'arrêt avant d'aborder la grande descente et même comme ça, il ne faut surtout pas se laisser emporter par la vitesse, sinon c'est "une belle Marie-Louise" ! En y regardant de plus près, la vigne étant située au plus haut du coteau, la route descend pratiquement tout le temps depuis l’Âne vert, le fief de Mimile, jusqu'au chai.
Après, on passe devant la gendarmerie, discrètement, des fois qu’on serait en surcharge ! Ensuite, on traverse la place du champ de foire. Le bourlot, brandi à l'arrière de la cuve, intrigue les ignorants. D'autres nous font un petit signe amical. Nous, on est fier, on klaxonnerait presque comme pour les défilés des mariages.
Je préfère passer pas la Poste plutôt que par la Grand-rue, ça descend moins par là vers le bas-bourg.
Le périple se termine enfin au bout de la rue du Château, face à la maison familiale. Je m'arrête alors en bas de la Grand-rue et je me retrouve dos à la porte du chai. Il n'y a plus qu'à reculer.
On n'a pas crevé non plus ! eh ! oui, ça aussi, c'est déjà arrivé...
Les autres vont se ranger sur la Place de l'église. La petite remorque avec ses bailles pleines de raisin blanc se place en face de la vieille, très vieille porte du chai. C'est vrai, elle est si ancienne avec ses clous en bois et sa targette d'un autre temps. D'abord pour entrer par cette porte dans le chai, il faut descendre 2 marches et se baisser, car elle n'est pas bien haute et donc il faut inévitablement enlever son chapeau, si on en porte un, et faire une sorte de révérence en signe d’allégeance à cet endroit mythique. A ce propos, même les femmes peuvent entrer dans le chai de nos jours. Autrefois, ce n'était pas le cas. On prétendait que les femmes qui avaient leurs règles pouvaient faire tourner le vin. Tu parles ! C'était juste pour qu'elles ne voient pas ce qui pouvait bien se tramer à l'intérieur... Mais aujourd'hui, elles peuvent entrer, car on a bien besoin d'elles dans le chai !
Ah ! au fait, il y a toujours une place de libre pour se garer devant la porte du chai, car, le matin des vendanges, on confectionne une petite pancarte mentionnant quelque chose du genre :"Prière de ne pas stationner, vendanges de la Haumuche.", que l'on accroche au vieil escalier en ciment collé au mur du chai.
En 2010, on a pris le temps de confectionner une belle pancarte
pour libérer de la place devant le chai..

Celle de 2013  est plus rudimentaire mais tout aussi efficace.
On va maintenant procéder aux premières transformations de cette précieuse récolte, à suivre...
* vaisseaux : "As-tu préparé tes vaisseaux ?" disait mon grand-père a ses collègues vignerons qu'il croisait à l'approche des vendanges. Les vaisseaux constituent l'ensemble des récipients et véhicules qui vont être utilisés lors des vendanges et après. On vérifie l'état de tout cet arsenal, effectue les réparations, nettoie soigneusement pressoir, égrennoir et autres ustensiles.  C'est aussi le moment de faire combuger cassette, bailles, barriques, tonnes, charreaux et tonneux en les arrosant régulièrement d'eau chaude après les avoir nettoyés à la brosse à chiendent.

*chaisière : la chaisière de la paroisse vendait les cierges qui  étaient allumés dans l'église pour remercier Dieu, un Saint ou demander une Grâce. C'est elle aussi qui s'occupait de la quête lors des messes du dimanche ou des cérémonies religieuses dans l'église. On peut aussi penser que c'est elle qui gérait les places numérotées et marquées au nom des familles prestigieuses du village. il fallait payer plus pour avoir une place bien en vue. Bref, c'est la chaisière qui s'occupait des affaires d'argent du curé. 
  
* Champis : c'est ainsi qu'on appelait les enfants de l'assistance publique.
Les pauvres bébés abandonnés,  par leur mère le plus souvent et déposés sous le porche de l'église ou à l'entrée du couvent. Les sœurs qui recueillaient l'enfant anonyme lui donnaient pour nom, celui du saint du jour.
C'est ainsi que les personnes dont le nom est un prénom sont très certainement des descendants de champis.

samedi 23 novembre 2013

Les vendanges de la Vigne de la Haumuche

Les vendanges*, une journée de fête et de  tradition qui s'est tenue le 12 octobre 2013 à La Haumuche.

1000 ceps, 5 grappes par cep en moyenne, ça en fait des coups de sécateur à donner pour récolter les précieux raisins. Alors, depuis toujours, la famille se réunit pour cueillir les raisins noirs et blancs. Cette année nous étions 14 adultes, la descendance de Mémé Didi presqu'au grand complet, réunie pour cette grande opération annuelle. 13 hL de vendange ont été ramenés dans le chai pour faire du vin blanc, du rosé, du vin rouge, mais aussi des jus de raisin blanc et rouge, des pineaux de la même couleur (Nous disons plutôt vermouth* chez nous.) .
Les vignerons restent toujours très flous quand on leur demande combien ils ont récolté de raisin. Je ne sais pas pourquoi, sans doute parce que ce n'est pas facile à évaluer avec une très grande précision. Peut-être aussi parce que le vigneron fait une déclaration de récolte auprès des services des douanes de l’État Français et que la quantité déclarée n'est pas forcément celle réellement récoltée. D'ailleurs, déclarer plus ou en moins de vendange, je ne comprends pas quel avantage le vigneron peut en tirer., bien des taxes associées à la production de l'alcool ont été abolies depuis longtemps.

Le matériel de vendange

Le chemin est long et plein d'embûches depuis la grappe de raisin accrochée au pampre de la vigne, jusqu'au chai. Autrefois, le raisin était coupé à la serpette, maintenant on utilise des sécateurs de différentes formes et tailles. La vendange était ramassée dans des cassettes en bois, vidée dans une hotte d'abord en osier, puis en métal , elle même vidée dans le charreau*.
Alors, détaillons un peu tout ça :

Le transport de la vendange: 
Autrefois, il y avait le cheval qui tirait un tombereau sur lequel étaient installées de grandes cuves en chêne, réceptacles de la vendange.

Vendanges de la Haumuche, juste avent la guerre 39-45.
Encordées debout sur le tombereau, 3 tonnes* servent de charreau*.
On y reconnait de droite à gauche, mon père,
sa sœur Denise, leur grand-père Eugène Prieur et leur sœur aînée Suzanne.
Le jeune homme à gauche m'est inconnu. Au pied de la charrette,
c'est l'oncle Clément Prieur, frère d'Eugène.
Sur cette photo, prise sans doute lors des mêmes vendanges, posent,
devant le cheval, mon grand-père Denys, celui qui m'a tant appris,
ainsi que ma grand-mère Juliette son épouse, née Prieur.
Au premier plan on retrouve  l'oncle Clément Prieur, et
Eugène Prieur, mon arrière grand-père donc.

 Quelques années plus tard, le cheval est abandonné et les charreaux sont chargés sur des plateaux tirés par des tracteurs. Et puis, dans les années 1990, mon père a fait faire une cuve en aluminium, légère et hygiénique, dans laquelle on met encore le raisin rouge aujourd'hui. 

Le tracteur de "Mimile" tire maintenant la remorque.
Le vieux cheval est mort depuis longtemps.
Dans les années 90 la cuve en aluminium d'une capacité de 1500 L
remplace le charreau.





Le nettoyage de la cuve métallique est méticuleux.
Il y a eu aussi la période du mini tracteur, avec la remorque aménagée pour transporter le raisin blanc. On y plaçait les bailles et les comportes pleines de raisins blancs. La remorque était en fait la remorque du petit voilier que j'avais construit en 1966. J'avais fabriqué un plateau en bois qui,  une fois fixé sur l'armature métallique, s'est révélé bien pratique pour le transport d'objets volumineux très divers.

Le petit tracteur de pépé André amusait beaucoup les enfants
dans les années 80. Il était à leur échelle
avec sa petite remorque.
Pas besoin de permis pour conduire le mini tracteur
et le klaxon avait un son de canard enroué très rigolo..


Il y a eu aussi les années folles, avec les cuveaux montés dans la
bétaillère de Michel Marché. On y foulait le raisin en dansant.
Les bailles* et les comportes 
Ce sont des récipients que l'on pose dans le rang  pour y placer les raisins blancs ou autres raisins que l'on veut mettre à part des autres. Elles sont ensuite transportées à bras d'homme sur la remorque ou dans le coffre de la voiture et descendues dans le chai. Avant, les bailles étaient en bois, elles étaient lourdes, on les faisait combuger pour les rendre plus ou moins étanches. Deux douelles diamétralement opposées dépassaient des autres. Elles étaient percées d'un trou dans lequel on pouvait passer une perche pour transporter la vendange à deux sur l'épaule. Maintenant on utilise des comportes en plastique. Des poubelles d'une contenance de 90 L que l'on positionne de-ci de-là dans les rangs, les vendangeurs y déposent, en passant, leur récolte de raisins sélectionnés. Cette année, je m'en suis procuré 3 nouvelles dans un magasin spécialisé, sans me résigner à jeter les vieilles toutes défoncées. Elles sont noires et très solides. espérons qu'elles vont durer longtemps.

Les bailles*et le seau à vendange, tout était en bois.
On y mettait le raisin blanc.
On utilise aujourd’hui des comportes en plastique
qu'il faut parfois rafistoler dans le chai avant de partir en vendanges.
 La hotte 
"La hotte; la hotte !!!" crie bien fort le vendangeur . Il est tout fier d'avoir empli son baquet avant les autres et il le fait savoir alentour. Parfois, c'est la chance d'être tombé sur un cep particulièrement chargé de raisins qui le fait aller si vite. Pendant ce temps là, dans l'autre rang, de pauvres vendangeurs malchanceux s'affairent à ramasser les graines tombées à terre par le passage d'un chien de chasse ou d'un gibier et haussent les épaules de dépit. Je me souviens, autrefois, il fallait vraiment tout ramasser. Pas une graine ne devait rester par terre. Alors, quand on tombait sur un pied de noah, c'était souvent la catastrophe. Certains vendangeurs expérimentés, choisissaient leur rang. Ils se rappelaient que dans tel rangée il n'y avait pas de noah. Ou bien, sous le prétexte d'aller aider un groupe un peu en retard dans un rang voisin, ils changeaient de rang juste avant un énorme pied de noah. J'ai aussi un souvenir très net de mon grand-oncle  Alphonse  Bodin : Je l'avais surpris en train d'écraser discrètement les graines tombées sous un cep avec sa grosse botte en caoutchouc. Il savait bien ce qu'il faisait, il y avait tellement de vendange cette année là, mais il ne fallait pas que quelqu'un voit que le travail n'était pas fait comme il se doit. Je l'ai peut-être fait moi aussi dernièrement, mais il ne faudrait vraiment pas que ça se sache !
 Mais revenons à nos moutons : de forme conique,  la hotte est un outil de vendange primordial. Le vendangeur y verse le contenu de sa cassette. Elle se porte sur le dos. Elle peut parfois peser très lourd quand elle contient des graines de noah ou que les vendangeurs ont un peu trop tassé le raisin. Les minces bretelles cinglent les clavicules (Cette année, on a capitonné, avec succès paraît-il,  le dos et le bas de l'appareil, les parties qui sont en contact avec le dos du hotteur.). Le hotteur va ainsi remonter tout le rang pour aller vider son contenu dans la cuve. Il doit bien s'organiser pour ne pas attendre avec sa hotte à moitié pleine, ça fait mal au dos. Mais aussi , ne pouvant pas enjamber le rang, il doit aller au devant des vendangeurs dans le bon rang, celui où les baquets n'ont pas été vidés en dernier. Sinon, on se passe les cassettes par dessus les fils de fer pour atteindre la hotte. Les passeurs sollicités se relèvent, se sortent de leur travail de cueillette. Ils en profitent alors pour bavarder, regarder le paysage...
Bref, la concentration et le rendement sont diminués. C'est pas bien !

La hotte fait souffrir le hotteur lorsqu'elle est bien chargée.
Les bretelles agressent les épaules.
Et ce n'est pas tout ! Il faut monter à l'échelle pour vider
la hotte dans l'égrennoir.

















N'importe qui ne peut pas porter la hotte. Il faut être costaud et pas trop grand pour que l'ouverture de la hotte soit accessible au vendangeur qui va vider sa cassette bien pleine. S'accroupir avec une hotte déjà lourde, c'est délicat, on a du mal à se relever. Et puis, il y a beaucoup de chemin à parcourir quand les vendangeurs sont au bout du rang. Je me souviens, mon grand-père avait une vigne à la folie. 3 rangs de noah, long d'au moins 500 m. Je portais la hotte, j'avais la taille et la force requise, mais le charreau était tout à l'autre bout de la vigne et en plus, je me souviens, il faisait très chaud cette année-là. Plus un aller-retour de hotte prenait du temps et plus les cassettes étaient pleines. Le hotteur s'en retournait alors avec une hotte encore plus lourde, un mal au dos, aux épaules et aux jambes encore plus aigu. Ma vieille grand-mère, trop handicapée pour vendanger, restait assise près de la remorque à tricoter à l'ombre. J'arrivais enfin, suant et soufflant pour vider ma hotte de son précieux contenu. "Mon pauv' garçon ils vont te tuer." Je  prenais à peine le temps de boire une gorgée d'eau, "Ah ! oui, il faut que je leur ramène un ressort de sécateur et une bouteille d'eau fraiche." et c'était reparti, presqu'en courant, car j'entendais déjà chanter : "La hotte, la hotte !!!".
Cette année, il y avait beaucoup de candidats au casting pour la sélection des hotteurs. Beaucoup s'y sont essayés, ils ont commencé leur formation. Ce sera bon dans quelques années.

Première tentative de portage de hotte.
C'est encore bien tôt pour cette jeune candidate.
Et pourquoi pas une hotteuse ! Égalité, égalité !
Pas mal... Hotte bien équilibrée, dos bien droit, bras relâchés.
Ce candidat a de l'avenir.
Dans un dizaine d'années, il fera un excellent hotteur !

les outils du vendangeur.
Un bon vendangeur utilise un sécateur pour couper le raisin, et une cassette pour stocker sa cueillette. En début de campagne, ceux qui n'ont pas leur propre matériel, choisissent leur sécateur parmi ceux présentés dans la vieille boîte en bois. Il y a des sécateurs à bout pointu et d'autres plus ronds. Les premiers paraissent plus dangereux, surtout quand les vendangeurs sont face à face sur le même cep. Mais on a aussi déjà eu des blessures avec les sécateurs ronds. On ne voit pas toujours très bien ce que l'on coupe et parfois, le doigt de l'équipier d'en face, ou le sien, se retrouve entre les 2 lames. Aïe ! 
Les enfants, on leur confie des petits ciseaux à bout rond, mais même avec ça il y a eu des pépins... Notre pauvre petite Margot s'est profondément coupée avec l'extrémité de ses petits ciseaux en trébuchant. Elle a dû aller aux urgences de l'hôpital pour faire mettre des points de suture juste à côté de l’œil.  Elle a été très courageuse et  s'en est retournée dans la vigne avec un petit pansement qui ne l'a pas empêchée de jouer et de galoper de nouveau.  Margot, est née un 13 septembre et, à sa sortie de la maternité, elle est venue directement  dans la Vigne de la Haumuche avant même d'aller dans sa maison, car c'était jour de vendanges et on était tous là. C'était en 2011. Alors, vous pensez si elle est attachée aux vendanges cette petite !
Le vendangeur expert essaye son sécateur sur une branche ou une vrille et se décide enfin après mûre réflexion. 
Ensuite, on choisit son baquet. Dans la collection étalée à l'entrée de la vigne, on trouve de vieilles cassettes en bois, des cassettes modernes et des seaux en plastique. On peut même choisir sa couleur, vert ou noir ou bordeaux. Une anse en bois rendrait l'objet plus agréable à porter, etc.

Les sécateurs à bout pointu ou à bout rond
sont soigneusement nettoyés, affûtés et graissés.
Bien vite il faut choisir le meilleur.
Les seaux de toutes les couleurs, les cassettes en bois ou en plastique
attendent les vendangeurs à l'entrée du rang.
Il y a aussi les petites cassettes pour les enfants.



Et c'est parti, mais dans quel rang ? 
"Bon alors, on commence par le haut ou par le bas ?" 
"Par les noah en bas, ça vous fera un bon échauffement !" répond le patron.  
Et l'on en voit alors qui se précipitent dans le deuxième rang, d'autres dans le quatrième, car ils savent que ces rangs là sont moins longs et surtout qu'ils ne sont pas plantés de cette saloperie de noah si difficile à ramasser (Je n'arrête pas d'évoquer le noah, il faudra que je lui consacre un message, faites-m'y penser chers lecteurs !).
 Puis le petit groupe s'ébranle en se dandinant, les cassettes au bras, tenant parfois par la main un petit tout fier et content de faire comme les grands. Ils s'éloignent vers le bout du bas de la vigne, au plus loin pour ramasser les précieuses graines de façon à toujours rapprocher la récolte vers la cuve et faciliter le travail du hotteur.

"Mais qui a taillé ce cep, c'est n'importe quoi, il est plein de raisins."
"Moi, je goutte toujours avant de cueillir."
"J'en ai déjà coupé plein, ma cassette est presque pleine !"
"Bon alors, comment ça s'ouvre ce truc ?"
T'as qu'à tourner le cran de sécurité,
c'est très facile !"
 



















"Regardez bien,  jeunes débutants, comment on goûte
une graine de raisin pour savoir si elle est bien mûre."

Tout est bien organisé, le spectacle est amusant, on voit des têtes qui apparaissent et disparaissent périodiquement à chaque changement de cep, une sorte de mouvement très lent de yo-yo. Ça cause, ça chante, ça se plaint du dos, "la hotte, la hotte !" , "encore ! ", "oh ! là là, celui-là, faudrait faire une photo ! Mais il est pas comme les autres, les raisins sont roses, on les met où ? avec les blancs ou avec les rouges ? ".

Ce cep de raisins roses, n'a pas encore été identifié. S'agirait-il d'un Grolleau ? Il y en a 3 autres comme lui dans la Vigne de La Haumuche. On étudiera ça prochainement avec un peu d'ampélographie.
Et c'est ainsi, que la journée s'écoule, paisiblement. Les sécateurs s'agitent, les cassettes se remplissent, la hotte se promène, va et vient, en bas, en haut. Et les enfants s'amusent, rient, courent. Tout va bien, il ne fait pas trop chaud et cette année il n'a pas plu. 
Nous avons un peu retardé le départ le matin pour attendre la fin du passage pluvieux, nous sommes arrivés sur le chantier vers 10 h 15.
Et après, nous avons même eu un beau rayon de soleil qui a réchauffé la vendange. 
Une bonne pause de 2 heures, entre 12 h 40 et 14 h 30, nous a permis de recharger les batteries avec un bon repas. Comme cette année il y avait beaucoup de jeunes enfants et que les vendanges étaient tardives, nous sommes redescendus déjeuner dans la "Vieille maison".  
Mon carnet de notes stipule dans l’extrême détail :
le matin : chargement des remorques, escabeau, hotte, comportes, seaux et cassettes, sécateurs, fourche


mémé Claudie, Mimi, Vincent, Clémence, Clarisse, Victor (1ères vendanges), Luc, Antoine, 



Stéphanie, David, Arthur, Margot, Aline, Émilie, Cathy, François. 





Anna et Camille sont restés au chaud.







Accident de Margot coupée profondément à l'arcade droite, elle va se faire recoudre à La Providence à Poitiers.

sont arrivés en fin de matinée: Mathieu, Laeticia, Alice, Martin





10 h 15 --> 12 h 40 le bas aux 3/4 (il y a peu de noah).






descente dans le bourg pour déjeuner dans la vieille maison (13 h --> 14 h 30).




reprise vers 15 h, sans Clarisse et ses 2 enfants, retour de Stéphanie et Margot, Anna et Camille dans l'après-midi

15 h 00  -->  15 h 30 : fin de la vendange du bas






15 h 30 --> 16 h 45 : vendange du haut







Vers 16 h 45, la vendange était toute ramassée. Nous avons pu profiter ensuite d'un petit moment de détente agréable, pendant lequel les enfants, bien qu'un peu fatigués, s'en sont donné à cœur joie, avec des batailles de raisin, des lancés de graines avec la bouche, sous l’œil bienveillant et même complice de Grand Mildiou, qui savait bien que quelques verres de jus en moins valaient bien des rires d'enfants et des bons souvenirs à jamais marqués dans leur mémoire juvénile.

Nous avons bu un petit coup (bière ou jus de fruit, même pas de vin !), respiré l'air pur, écouté les oiseaux et les bruits de la nature, apprécié cette sérénité qui se dégage du paysage.

Le Bourlot* :
Aline s'est vu confier la lourde tâche de confectionner le bourlot qui indique la fin des vendanges. Elle a su trouver quelques fleurs sauvages et des beaux rameaux de vigne couverts de feuilles bien rouges. Nous en avons confectionné un bouquet original qui a été accroché à la fourche de métal, piquée dans la vendange . Cette fourche sert à répartir les raisins dans la cuve et à éliminer quelques rafles et grappes malades.
Nous avons ensuite rassemblé les 5 bailles contenant les raisins blancs (une n'était qu'à moitié pleine), nous en avons chargé 3 dans la petite remorque et 2 dans le coffre du Scenic. Les seaux, cassettes, hotte, escabeau, on été placés dans la cuve sur les 70 cm de vendange non foulée. Je préfère conserver les raisins intacts le plus longtemps possible pour éviter une oxydation précoce et un contact important du jus avec l'air.  Le foulage et l'égrenage seront effectués dans le chai.
Un petit cortège de voitures s'est enfin formé pour redescendre dans le village.

 Il va maintenant falloir s'occuper de toute cette belle vendange : dépoter, presser, fouler... Et préparer le grand dîner des vendanges, le Bourlot,  mais ça,  c'est une autre histoire, à suivre donc...

*Les  vendanges : période annuelle au cours de laquelle on récolte les raisins dans les vignes.
La vendange : ensemble des raisins cueillis par les vendangeurs*, au moment des vendanges
  et qui seront transformés principalement en vin.

Les vendangeurs :  personnels hautement qualifiés, chargés de la cueillette des raisins dans les vignes.
Vendanger : 1. Cueillir les grappes de raisin dans la vigne et les rassembler pour les rapporter dans le chai.
2. Rater quelque chose par maladresse.   Exemple : vendanger une balle de golf  signifie louper
une approche facile après un drive magnifique.


*le vermouth : en vérité le vermouth est un vin blanc enrichi en alcool, moût de raisin et plantes diverses.
Notre vermouth local est fabriqué  à partir d'un mélange d'eau de vie et de moût de raisin, à bonne proportion pour obtenir un mélange à 18 °. A ce degré d'alcool,  la fermentation est bloquée et l'on obtient un apéritif, blanc ou rouge suivant la couleur du moût, très apprécié. Bien sûr ce n'est pas du vrai Pineau qui, à la différence de notre vermouth qui sent un peu l'alcool à brûler, est assemblé à partir de jeune C
ognac. On pourrait très bien faire cet assemblage avec du Cognac bas de gamme acheté en magasin.


* le charreau (absent du dictionnaire) : sorte de grande cuve en bois à fond plat de forme ovale, pouvant atteindre 3 m dans sa plus grande dimension servant à charroyer la vendange. Les parois d'environ 1,5 m de hauteur, sont faites d'un assemblage incliné de douelles planes et trapézoïdales conférant au charreau une ouverture évasée. Ne pas confondre avec le tonneau*.
Je l'ai écrit avec 2 r pour faire comme charrette plutôt que comme chariot qui lui n'en prend qu'un.


* La baille : récipient de bois destiné à accueillir la vendange dans les rangs de vigne. On passait un manche de  bois dans les 2 trous percés dans 2 douelles opposées pour transporter le raisin. On les utilisait principalement pour recueillir les raisins blancs qui étaient séparés du raisin noir pour confectionner le fameux "Vin blanc de la Haumuche".
Les bailles pouvaient contenir 50 ou 100 L de raisins qui "tombaient à la baille" lorsqu'on vidait sa cassette dedans !


* Le tonneau : sorte de grande barrique posée debout et sans couvercle destinée à recevoir la vendange pour la fermentation des raisins. les tonneaux ont une capacité variant de 1,5 à 3 hL.
Il était très dangereux de descendre dans le tonneau lors de la fermentation du raisin, car l'atmosphère était constituée principalement de gaz carbonique et l'on pouvait mourir asphyxié.


*La tonne : c'est un petit tonneau, ou une grande barrique, d'une contenance de l'ordre de 500 L. Elle était positionnée debout dans la charrette et pouvait remplacer le charreau lors des vendanges.

* Le bourlot, l'avelot en Charentais : c'est l'évènement qui marque le dernier jour des vendanges.
Bien sûr, maintenant les vendanges ne durent qu'une seule journée,mais j'ai connu une époque où
cela pouvait prendre presqu'une semaine. Lorsque la cueillette était terminée,  pour fêter ça et l'annoncer à la communauté, un gros bouquet était placé sur le dernier charreau redescendu de la vigne.

Le bourlot c'est ainsi que l'on nomme aussi le dernier repas pris par le vendangeurs à l'issue des vendanges. On y mange et boit  bien, mais ça aussi c'est une autre histoire.