dimanche 21 juillet 2013

Floraison, Nouaison, la belle saison de la vigne de La Haumuche

La floraison a vraiment tardé à se produire cette année. 
Mais elle a eu lieu quand même durant la deuxième moitié de juin. Tout c'est très bien passé, il n'y a pas eu de coulure* apparente. Les vendanges ont donc été fixées au 12 octobre 2013, soit environ 100 jours après la pleine floraison. Les traitements à la bouillie bordelaise et au soufre mouillable ont été opérés dans de bonnes conditions juste avant et juste après la floraison, ce qui fait que je n'ai pas vu de trace de maladie quelconque.
Et puis, au début de juillet, le temps a radicalement changé. Le température a grimpé de plus de 10 degrés d'un seul coup et un grand soleil généreux a tout inondé évaporant l'eau stagnant dans la vigne et réchauffant les ceps.
La nouaison a été rapide.
Les conséquences immédiates de ce beau temps sec se sont traduites par une augmentation radicale de la pression osmotique induisant la formation de grappes magnifiques et particulièrement nombreuses. Les fleurs se sont transformées en fruits qui, très vite, se sont mis à grossir pour atteindre aujourd'hui la taille d'un petit pois. C'est un régal pour les yeux tous ces petits points verts cachés au milieu des feuilles.

Ce cep d'hybride de 18315 (devenu Villard Noir depuis son anoblissement)
regorge de raisins.
Ce cep de Pinot noir n'est pas en reste. Les grappes bien formées
commencent à pendre sous les rameaux.













La pousse est fulgurante, le relevage et le rognage ont du être effectués rapidement.
 C'est à croire que la végétation veut à tout pris rattraper son retard. Les rameaux poussent à une vitesse folle, de plusieurs centimètres par jour, certains dépassent le mètre de long en quelques jours. Il faut palisser toutes ces branches pour que la vigne conserve une belle forme bien régulière, comme dans les grands crus. 
En juin j'ai d'abord remonté une première boucle de fil de fer avec les coulissants au niveau de la première encoche des piquets d'extrémité et les fils de fer accroché aux pointes recourbées fichées dans chaque piquet à environ 75 cm du sol. J'ai même effectué cette opération assis sur le mini tracteur combinant le relevage et la tonte.
La deuxième série de boucle de fils de fer que j'avais mise en place l'été dernier a été relevée elle aussi le 12 juillet, mais à pied cette fois et avec les mains ! Les rameaux sont trop nombreux et certains, les ceps de Plantet (54 55) par exemple, sont très cassants. Il faut plus de minutie et le tracteur avancerait trop vite. De plus je remonte les 2 côtés du rang au même passage, en accrochant les fils de fer aux crochets (pointes recourbées) plantés au sommet de chaque piquet à environ 1 m 10 du sol et les coulissants le plus haut possible le long des piquets de bout.
Ensuite un coup de cisaille sur le dessus des rangs vient égaliser tout ça, c'est du plus bel effet, à la fin il n'y a pas une feuille qui dépasse.
Encore un passage de la tondeuse la veille du 14 juillet et un traitement à la bouillie bordelaise, le lendemain très tôt, à raison de 300 g par pompe va j'espère continuer à protéger la vigne. Les températures devant dépasser 30 °C je n'ai pas mis de soufre dans la pompe car à ces températures, le soufre brûle la végétation. Le sulfate de cuivre mélangé à la chaux devrait protéger aussi un peu les jeunes rafles de la suette (oïdium).

Apoplexie**.
Cette année encore, quelques ceps en pleine croissance se dessèchent subitement. La sève ne circule plus dans la plante, les feuilles jaunissent et tombent le cep finit par crever, victime d'une "apoplexie". C'est comme ça que mon grand-père désignait ce fléau. L'apoplexie est mentionnée dans les ouvrages spécialisés sur la vigne. Je ne sais pas ce que c'est, qui en est la cause, mais cela se produit sur 2 ou 3 ceps chaque année. On pourrait croire que le cep a manqué d'eau, mais ce n'est pas le cas cette année. Les ceps atteints sont plutôt isolés au milieu de ceps en parfaite santé. Quoique, si on regarde l'illustration jointe, on s'aperçoit que le cep malade est voisin d'un tout jeune cep, à sa gauche, qui a dû lui même remplacer un autre cep malade l'année dernière ou il y a 2 ans. Il ne faudrait pas que cette maladie se répande, je regarderai ça plus en détail.

Ce cep, pourtant vigoureux il y a quelques jours est en train de crever.
Mon grand-père appelait ça "mourir d'apoplexie".

 C'est le seul petit bémol constaté. 
Je ne me lasse pas de contempler cette vigne, un bel alignement bien vert, bien maitrisé et, si on se place tout en haut de la vigne, côté sud, les 5 traits de verdure formés par les rangs bien homogènes car bien fournis en feuillage, soulignent la courbure harmonieuse du terrain, avec le Pinail au fond à l'horizon. L'entre-rang bien engazonné ne nuit pas à l'harmonie de l'ensemble et renforce le relief.

*Coulure : événement redouté des vignerons.
Les fleurs du raisin ne sont pas fécondées et
les grains ne se forment pas.
Les grappes ne sont pas compactes, la récolte sera maigre.

**Apoplexie : maladie de la vigne qui se manifeste subitement
sans symptôme apparent. En été, en quelques jours, le cep se dessèche brusquement.
La description la plus approchante semble être la Nécrose du bois [1], due à un champignon
qui se développerait dans les plaies, plaies de taille par exemple,
je pense aussi au décollement de l'écorce causée par le passage du fil de la débroussailleuse.

[1] - Les parasites de la vigne. Stratégie de protection raisonnée, adaptation de Jacques Blouin, éditions La Vigne Dunod, p.237, 2007"