mercredi 9 octobre 2013

Les travaux d'été dans la vigne de La Haumuche

Aujourd'hui, mardi 8 octobre 2013, je viens de terminer les derniers préparatifs de la vigne en vue des vendanges programmées samedi prochain 12 octobre. 
 Ça y est, elle est prête la vigne, "maquillée" comme je le souhaitais, elle attend la visite de toute la famille pour cette journée de fête et de retrouvailles
Des 5 rangs pas un seul seul pampre ne dépasse. Ils sont tous bien  maintenus verticalement par les 2 boucles de fil de fer mises en place en juillet et le dessus a été coupé à la cisaille. Sous le feuillage rougissant, pendent de magnifiques grappes, des grappes noires aux grains plus ou moins gros suivant le cépage, des grappes jaunes dorées de Chardonnay et de Sauvignon, des grappes un peu vertes de Noah. La récolte promet d'être de qualité et abondante. On peut quand même relever de-ci delà des grains desséchés, quelques grains pourris aussi, il faudra peut-être faire un peu de triage des grappes. Ces grappes sont bien dégagées, pas d'herbes folles sous les ceps ni trop de feuillages pour leur cacher ces dernières heures de soleil si importantes pour faire monter le taux de sucre. Dans l'ensemble, c'est la présence de ceps bien chargés de raisins qui domine à la vue. C'est une bien belle perspective, avec, entre les rangs, un beau tapis de gazon tout juste tondu bien ras.  J'ai même un peu peaufiné en fauchant les abords et le pré de la vigne de René Bercy.
Et puis, comme souvent observé le soir sur ce site de La Haumuche, en cette soirée d'automne, il régnait une atmosphère toute particulière. Un calme tout à fait insolite s’installe. Les oiseaux se taisent, le soleil disparaît derrière le Pinail, les couleurs du fond lointain s'estompent, le vent se fait douce caresse. J'écoute ce silence. la lumière se fait extraterrestre, les rouges ressortent, les jaunes les accompagnent, les bleus des raisins scintillent sous les derniers rayons réfléchis du soleil rasant. La terre dégage une agréable odeur de foin frais, de gazon fraîchement coupé. Comme pour me remercier la vigne se pare de ses plus beaux atours. C'est un moment magique, baigné de sérénité et de paix qui appelle à la méditation. J'ai du mal à m'en extraire. Si j'y croyais, j'entendrais presque les murmures des esprits de mes ancêtres... 

Les travaux d'entretien de la vigne en été.
Pour en arriver à avoir une vigne bien propre, comme dans les grands domaines, ce ne sont pas moins de 8 traitements à la bouillie bordelaise qu'il a fallu opérer régulièrement, de préférence avant chaque période pluvieuse. Les derniers passages, je les ai faits assis sur le tracteur, avec la pompe à traiter accrochée sur le dos et posée sur le quarter du moteur. En même temps, j'enclenchais la tondeuse ventrale et je tondais l'herbe dans les rangs. Ça marche super bien et ce n'est pas fatigant. Je dois juste m'arrêter tous les 10 m pour remettre de la pression dans la pompe car je ne peux pas tenir la lance du pulvérisateur, le levier de la pompe et le volant du tracteur en même temps. J'ai bien essayé de coincer le volant avec un genou, mais il y a encore trop de petits cahots et le tracteur dévie de sa route ! Ça doit  doit être assez cocasse de me voir faire, dommage, je n'ai pas de photos à montrer.
Sauf par forte chaleur, ce qui est arrivé une fois ou 2, j'ai mélangé du soufre mouillable à la bouillie pour mieux combattre l'oïdium.
J'ai aussi traité sous les ceps avec du glyphosate, (une fois en juin et une fois en août), car, avec les orages d'été, l'herbe a beaucoup poussé. A chaque fois, il faut veiller à bien écheniller les pieds assez hauts et bien relever les branches afin qu'aucune feuille de vigne ne soit arrosée de produit mortel. Il faut prendre son mal en patience et ne pas trop compter son temps. 
Enfin, le passage de la tondeuse entre les rangs à 6 reprises a été rendu nécessaire pour ne pas se laisser déborder par les herbes folles.
J'ai comptabilisé plus de 70 heures pour effectuer ces diverses opérations. C'est un loisir qui m'occupe bien, mais peut-être pas encore autant que le golf.

Le passage des experts.
Évidemment toutes ces interventions ne se faisaient pas sans évaluations. Des experts de tous âges, sont régulièrement venus visiter la vigne et prodiguer leurs critiques et leurs encouragements.

D"abord on regarde bien partout.
"Chapeau, celui-là, il va bien donner !"
"Cette grappe change de couleur, en fait, c'est la véraison* qui commence."
"Moi j'ai même pas mis mes bottes pour venir
tellement cette vigne est propre."
C'est mieux d'être tout petit, pas besoin de se baisser
pour expertiser les ceps.
"Regarde derrière-toi Aline, il y a une coccinelle".
"Et moi, je cherche un brin d'herbe à arracher,
mais j'en trouve pas, tellement c'est propre."


"Regarde pépé, j'ai arraché toutes les mauvaises herbes qui restaient."





"C'est quoi papa ce cépage, du Gamay ou du Pinot noir ?"
"Ben... c'est du Noah, regarde un peu comme il est haut."

"Coccinelle, demoiselle, vole jusqu'aux cieux..."
"Passez sous le pont."

"Bon, on y va ? Je voudrais bien aller me baigner maintenant."

"OK, on y va, on rentre à pied sur le Trait."
Et voilà le travail.

* Véraison : période au cours de laquelle les baies s'éclaircissent pour le raisin blanc
et rougissent pour le raisin noir. Les grappes paraissent malades !