samedi 23 novembre 2013

Les vendanges de la Vigne de la Haumuche

Les vendanges*, une journée de fête et de  tradition qui s'est tenue le 12 octobre 2013 à La Haumuche.

1000 ceps, 5 grappes par cep en moyenne, ça en fait des coups de sécateur à donner pour récolter les précieux raisins. Alors, depuis toujours, la famille se réunit pour cueillir les raisins noirs et blancs. Cette année nous étions 14 adultes, la descendance de Mémé Didi presqu'au grand complet, réunie pour cette grande opération annuelle. 13 hL de vendange ont été ramenés dans le chai pour faire du vin blanc, du rosé, du vin rouge, mais aussi des jus de raisin blanc et rouge, des pineaux de la même couleur (Nous disons plutôt vermouth* chez nous.) .
Les vignerons restent toujours très flous quand on leur demande combien ils ont récolté de raisin. Je ne sais pas pourquoi, sans doute parce que ce n'est pas facile à évaluer avec une très grande précision. Peut-être aussi parce que le vigneron fait une déclaration de récolte auprès des services des douanes de l’État Français et que la quantité déclarée n'est pas forcément celle réellement récoltée. D'ailleurs, déclarer plus ou en moins de vendange, je ne comprends pas quel avantage le vigneron peut en tirer., bien des taxes associées à la production de l'alcool ont été abolies depuis longtemps.

Le matériel de vendange

Le chemin est long et plein d'embûches depuis la grappe de raisin accrochée au pampre de la vigne, jusqu'au chai. Autrefois, le raisin était coupé à la serpette, maintenant on utilise des sécateurs de différentes formes et tailles. La vendange était ramassée dans des cassettes en bois, vidée dans une hotte d'abord en osier, puis en métal , elle même vidée dans le charreau*.
Alors, détaillons un peu tout ça :

Le transport de la vendange: 
Autrefois, il y avait le cheval qui tirait un tombereau sur lequel étaient installées de grandes cuves en chêne, réceptacles de la vendange.

Vendanges de la Haumuche, juste avent la guerre 39-45.
Encordées debout sur le tombereau, 3 tonnes* servent de charreau*.
On y reconnait de droite à gauche, mon père,
sa sœur Denise, leur grand-père Eugène Prieur et leur sœur aînée Suzanne.
Le jeune homme à gauche m'est inconnu. Au pied de la charrette,
c'est l'oncle Clément Prieur, frère d'Eugène.
Sur cette photo, prise sans doute lors des mêmes vendanges, posent,
devant le cheval, mon grand-père Denys, celui qui m'a tant appris,
ainsi que ma grand-mère Juliette son épouse, née Prieur.
Au premier plan on retrouve  l'oncle Clément Prieur, et
Eugène Prieur, mon arrière grand-père donc.

 Quelques années plus tard, le cheval est abandonné et les charreaux sont chargés sur des plateaux tirés par des tracteurs. Et puis, dans les années 1990, mon père a fait faire une cuve en aluminium, légère et hygiénique, dans laquelle on met encore le raisin rouge aujourd'hui. 

Le tracteur de "Mimile" tire maintenant la remorque.
Le vieux cheval est mort depuis longtemps.
Dans les années 90 la cuve en aluminium d'une capacité de 1500 L
remplace le charreau.





Le nettoyage de la cuve métallique est méticuleux.
Il y a eu aussi la période du mini tracteur, avec la remorque aménagée pour transporter le raisin blanc. On y plaçait les bailles et les comportes pleines de raisins blancs. La remorque était en fait la remorque du petit voilier que j'avais construit en 1966. J'avais fabriqué un plateau en bois qui,  une fois fixé sur l'armature métallique, s'est révélé bien pratique pour le transport d'objets volumineux très divers.

Le petit tracteur de pépé André amusait beaucoup les enfants
dans les années 80. Il était à leur échelle
avec sa petite remorque.
Pas besoin de permis pour conduire le mini tracteur
et le klaxon avait un son de canard enroué très rigolo..


Il y a eu aussi les années folles, avec les cuveaux montés dans la
bétaillère de Michel Marché. On y foulait le raisin en dansant.
Les bailles* et les comportes 
Ce sont des récipients que l'on pose dans le rang  pour y placer les raisins blancs ou autres raisins que l'on veut mettre à part des autres. Elles sont ensuite transportées à bras d'homme sur la remorque ou dans le coffre de la voiture et descendues dans le chai. Avant, les bailles étaient en bois, elles étaient lourdes, on les faisait combuger pour les rendre plus ou moins étanches. Deux douelles diamétralement opposées dépassaient des autres. Elles étaient percées d'un trou dans lequel on pouvait passer une perche pour transporter la vendange à deux sur l'épaule. Maintenant on utilise des comportes en plastique. Des poubelles d'une contenance de 90 L que l'on positionne de-ci de-là dans les rangs, les vendangeurs y déposent, en passant, leur récolte de raisins sélectionnés. Cette année, je m'en suis procuré 3 nouvelles dans un magasin spécialisé, sans me résigner à jeter les vieilles toutes défoncées. Elles sont noires et très solides. espérons qu'elles vont durer longtemps.

Les bailles*et le seau à vendange, tout était en bois.
On y mettait le raisin blanc.
On utilise aujourd’hui des comportes en plastique
qu'il faut parfois rafistoler dans le chai avant de partir en vendanges.
 La hotte 
"La hotte; la hotte !!!" crie bien fort le vendangeur . Il est tout fier d'avoir empli son baquet avant les autres et il le fait savoir alentour. Parfois, c'est la chance d'être tombé sur un cep particulièrement chargé de raisins qui le fait aller si vite. Pendant ce temps là, dans l'autre rang, de pauvres vendangeurs malchanceux s'affairent à ramasser les graines tombées à terre par le passage d'un chien de chasse ou d'un gibier et haussent les épaules de dépit. Je me souviens, autrefois, il fallait vraiment tout ramasser. Pas une graine ne devait rester par terre. Alors, quand on tombait sur un pied de noah, c'était souvent la catastrophe. Certains vendangeurs expérimentés, choisissaient leur rang. Ils se rappelaient que dans tel rangée il n'y avait pas de noah. Ou bien, sous le prétexte d'aller aider un groupe un peu en retard dans un rang voisin, ils changeaient de rang juste avant un énorme pied de noah. J'ai aussi un souvenir très net de mon grand-oncle  Alphonse  Bodin : Je l'avais surpris en train d'écraser discrètement les graines tombées sous un cep avec sa grosse botte en caoutchouc. Il savait bien ce qu'il faisait, il y avait tellement de vendange cette année là, mais il ne fallait pas que quelqu'un voit que le travail n'était pas fait comme il se doit. Je l'ai peut-être fait moi aussi dernièrement, mais il ne faudrait vraiment pas que ça se sache !
 Mais revenons à nos moutons : de forme conique,  la hotte est un outil de vendange primordial. Le vendangeur y verse le contenu de sa cassette. Elle se porte sur le dos. Elle peut parfois peser très lourd quand elle contient des graines de noah ou que les vendangeurs ont un peu trop tassé le raisin. Les minces bretelles cinglent les clavicules (Cette année, on a capitonné, avec succès paraît-il,  le dos et le bas de l'appareil, les parties qui sont en contact avec le dos du hotteur.). Le hotteur va ainsi remonter tout le rang pour aller vider son contenu dans la cuve. Il doit bien s'organiser pour ne pas attendre avec sa hotte à moitié pleine, ça fait mal au dos. Mais aussi , ne pouvant pas enjamber le rang, il doit aller au devant des vendangeurs dans le bon rang, celui où les baquets n'ont pas été vidés en dernier. Sinon, on se passe les cassettes par dessus les fils de fer pour atteindre la hotte. Les passeurs sollicités se relèvent, se sortent de leur travail de cueillette. Ils en profitent alors pour bavarder, regarder le paysage...
Bref, la concentration et le rendement sont diminués. C'est pas bien !

La hotte fait souffrir le hotteur lorsqu'elle est bien chargée.
Les bretelles agressent les épaules.
Et ce n'est pas tout ! Il faut monter à l'échelle pour vider
la hotte dans l'égrennoir.

















N'importe qui ne peut pas porter la hotte. Il faut être costaud et pas trop grand pour que l'ouverture de la hotte soit accessible au vendangeur qui va vider sa cassette bien pleine. S'accroupir avec une hotte déjà lourde, c'est délicat, on a du mal à se relever. Et puis, il y a beaucoup de chemin à parcourir quand les vendangeurs sont au bout du rang. Je me souviens, mon grand-père avait une vigne à la folie. 3 rangs de noah, long d'au moins 500 m. Je portais la hotte, j'avais la taille et la force requise, mais le charreau était tout à l'autre bout de la vigne et en plus, je me souviens, il faisait très chaud cette année-là. Plus un aller-retour de hotte prenait du temps et plus les cassettes étaient pleines. Le hotteur s'en retournait alors avec une hotte encore plus lourde, un mal au dos, aux épaules et aux jambes encore plus aigu. Ma vieille grand-mère, trop handicapée pour vendanger, restait assise près de la remorque à tricoter à l'ombre. J'arrivais enfin, suant et soufflant pour vider ma hotte de son précieux contenu. "Mon pauv' garçon ils vont te tuer." Je  prenais à peine le temps de boire une gorgée d'eau, "Ah ! oui, il faut que je leur ramène un ressort de sécateur et une bouteille d'eau fraiche." et c'était reparti, presqu'en courant, car j'entendais déjà chanter : "La hotte, la hotte !!!".
Cette année, il y avait beaucoup de candidats au casting pour la sélection des hotteurs. Beaucoup s'y sont essayés, ils ont commencé leur formation. Ce sera bon dans quelques années.

Première tentative de portage de hotte.
C'est encore bien tôt pour cette jeune candidate.
Et pourquoi pas une hotteuse ! Égalité, égalité !
Pas mal... Hotte bien équilibrée, dos bien droit, bras relâchés.
Ce candidat a de l'avenir.
Dans un dizaine d'années, il fera un excellent hotteur !

les outils du vendangeur.
Un bon vendangeur utilise un sécateur pour couper le raisin, et une cassette pour stocker sa cueillette. En début de campagne, ceux qui n'ont pas leur propre matériel, choisissent leur sécateur parmi ceux présentés dans la vieille boîte en bois. Il y a des sécateurs à bout pointu et d'autres plus ronds. Les premiers paraissent plus dangereux, surtout quand les vendangeurs sont face à face sur le même cep. Mais on a aussi déjà eu des blessures avec les sécateurs ronds. On ne voit pas toujours très bien ce que l'on coupe et parfois, le doigt de l'équipier d'en face, ou le sien, se retrouve entre les 2 lames. Aïe ! 
Les enfants, on leur confie des petits ciseaux à bout rond, mais même avec ça il y a eu des pépins... Notre pauvre petite Margot s'est profondément coupée avec l'extrémité de ses petits ciseaux en trébuchant. Elle a dû aller aux urgences de l'hôpital pour faire mettre des points de suture juste à côté de l’œil.  Elle a été très courageuse et  s'en est retournée dans la vigne avec un petit pansement qui ne l'a pas empêchée de jouer et de galoper de nouveau.  Margot, est née un 13 septembre et, à sa sortie de la maternité, elle est venue directement  dans la Vigne de la Haumuche avant même d'aller dans sa maison, car c'était jour de vendanges et on était tous là. C'était en 2011. Alors, vous pensez si elle est attachée aux vendanges cette petite !
Le vendangeur expert essaye son sécateur sur une branche ou une vrille et se décide enfin après mûre réflexion. 
Ensuite, on choisit son baquet. Dans la collection étalée à l'entrée de la vigne, on trouve de vieilles cassettes en bois, des cassettes modernes et des seaux en plastique. On peut même choisir sa couleur, vert ou noir ou bordeaux. Une anse en bois rendrait l'objet plus agréable à porter, etc.

Les sécateurs à bout pointu ou à bout rond
sont soigneusement nettoyés, affûtés et graissés.
Bien vite il faut choisir le meilleur.
Les seaux de toutes les couleurs, les cassettes en bois ou en plastique
attendent les vendangeurs à l'entrée du rang.
Il y a aussi les petites cassettes pour les enfants.



Et c'est parti, mais dans quel rang ? 
"Bon alors, on commence par le haut ou par le bas ?" 
"Par les noah en bas, ça vous fera un bon échauffement !" répond le patron.  
Et l'on en voit alors qui se précipitent dans le deuxième rang, d'autres dans le quatrième, car ils savent que ces rangs là sont moins longs et surtout qu'ils ne sont pas plantés de cette saloperie de noah si difficile à ramasser (Je n'arrête pas d'évoquer le noah, il faudra que je lui consacre un message, faites-m'y penser chers lecteurs !).
 Puis le petit groupe s'ébranle en se dandinant, les cassettes au bras, tenant parfois par la main un petit tout fier et content de faire comme les grands. Ils s'éloignent vers le bout du bas de la vigne, au plus loin pour ramasser les précieuses graines de façon à toujours rapprocher la récolte vers la cuve et faciliter le travail du hotteur.

"Mais qui a taillé ce cep, c'est n'importe quoi, il est plein de raisins."
"Moi, je goutte toujours avant de cueillir."
"J'en ai déjà coupé plein, ma cassette est presque pleine !"
"Bon alors, comment ça s'ouvre ce truc ?"
T'as qu'à tourner le cran de sécurité,
c'est très facile !"
 



















"Regardez bien,  jeunes débutants, comment on goûte
une graine de raisin pour savoir si elle est bien mûre."

Tout est bien organisé, le spectacle est amusant, on voit des têtes qui apparaissent et disparaissent périodiquement à chaque changement de cep, une sorte de mouvement très lent de yo-yo. Ça cause, ça chante, ça se plaint du dos, "la hotte, la hotte !" , "encore ! ", "oh ! là là, celui-là, faudrait faire une photo ! Mais il est pas comme les autres, les raisins sont roses, on les met où ? avec les blancs ou avec les rouges ? ".

Ce cep de raisins roses, n'a pas encore été identifié. S'agirait-il d'un Grolleau ? Il y en a 3 autres comme lui dans la Vigne de La Haumuche. On étudiera ça prochainement avec un peu d'ampélographie.
Et c'est ainsi, que la journée s'écoule, paisiblement. Les sécateurs s'agitent, les cassettes se remplissent, la hotte se promène, va et vient, en bas, en haut. Et les enfants s'amusent, rient, courent. Tout va bien, il ne fait pas trop chaud et cette année il n'a pas plu. 
Nous avons un peu retardé le départ le matin pour attendre la fin du passage pluvieux, nous sommes arrivés sur le chantier vers 10 h 15.
Et après, nous avons même eu un beau rayon de soleil qui a réchauffé la vendange. 
Une bonne pause de 2 heures, entre 12 h 40 et 14 h 30, nous a permis de recharger les batteries avec un bon repas. Comme cette année il y avait beaucoup de jeunes enfants et que les vendanges étaient tardives, nous sommes redescendus déjeuner dans la "Vieille maison".  
Mon carnet de notes stipule dans l’extrême détail :
le matin : chargement des remorques, escabeau, hotte, comportes, seaux et cassettes, sécateurs, fourche


mémé Claudie, Mimi, Vincent, Clémence, Clarisse, Victor (1ères vendanges), Luc, Antoine, 



Stéphanie, David, Arthur, Margot, Aline, Émilie, Cathy, François. 





Anna et Camille sont restés au chaud.







Accident de Margot coupée profondément à l'arcade droite, elle va se faire recoudre à La Providence à Poitiers.

sont arrivés en fin de matinée: Mathieu, Laeticia, Alice, Martin





10 h 15 --> 12 h 40 le bas aux 3/4 (il y a peu de noah).






descente dans le bourg pour déjeuner dans la vieille maison (13 h --> 14 h 30).




reprise vers 15 h, sans Clarisse et ses 2 enfants, retour de Stéphanie et Margot, Anna et Camille dans l'après-midi

15 h 00  -->  15 h 30 : fin de la vendange du bas






15 h 30 --> 16 h 45 : vendange du haut







Vers 16 h 45, la vendange était toute ramassée. Nous avons pu profiter ensuite d'un petit moment de détente agréable, pendant lequel les enfants, bien qu'un peu fatigués, s'en sont donné à cœur joie, avec des batailles de raisin, des lancés de graines avec la bouche, sous l’œil bienveillant et même complice de Grand Mildiou, qui savait bien que quelques verres de jus en moins valaient bien des rires d'enfants et des bons souvenirs à jamais marqués dans leur mémoire juvénile.

Nous avons bu un petit coup (bière ou jus de fruit, même pas de vin !), respiré l'air pur, écouté les oiseaux et les bruits de la nature, apprécié cette sérénité qui se dégage du paysage.

Le Bourlot* :
Aline s'est vu confier la lourde tâche de confectionner le bourlot qui indique la fin des vendanges. Elle a su trouver quelques fleurs sauvages et des beaux rameaux de vigne couverts de feuilles bien rouges. Nous en avons confectionné un bouquet original qui a été accroché à la fourche de métal, piquée dans la vendange . Cette fourche sert à répartir les raisins dans la cuve et à éliminer quelques rafles et grappes malades.
Nous avons ensuite rassemblé les 5 bailles contenant les raisins blancs (une n'était qu'à moitié pleine), nous en avons chargé 3 dans la petite remorque et 2 dans le coffre du Scenic. Les seaux, cassettes, hotte, escabeau, on été placés dans la cuve sur les 70 cm de vendange non foulée. Je préfère conserver les raisins intacts le plus longtemps possible pour éviter une oxydation précoce et un contact important du jus avec l'air.  Le foulage et l'égrenage seront effectués dans le chai.
Un petit cortège de voitures s'est enfin formé pour redescendre dans le village.

 Il va maintenant falloir s'occuper de toute cette belle vendange : dépoter, presser, fouler... Et préparer le grand dîner des vendanges, le Bourlot,  mais ça,  c'est une autre histoire, à suivre donc...

*Les  vendanges : période annuelle au cours de laquelle on récolte les raisins dans les vignes.
La vendange : ensemble des raisins cueillis par les vendangeurs*, au moment des vendanges
  et qui seront transformés principalement en vin.

Les vendangeurs :  personnels hautement qualifiés, chargés de la cueillette des raisins dans les vignes.
Vendanger : 1. Cueillir les grappes de raisin dans la vigne et les rassembler pour les rapporter dans le chai.
2. Rater quelque chose par maladresse.   Exemple : vendanger une balle de golf  signifie louper
une approche facile après un drive magnifique.


*le vermouth : en vérité le vermouth est un vin blanc enrichi en alcool, moût de raisin et plantes diverses.
Notre vermouth local est fabriqué  à partir d'un mélange d'eau de vie et de moût de raisin, à bonne proportion pour obtenir un mélange à 18 °. A ce degré d'alcool,  la fermentation est bloquée et l'on obtient un apéritif, blanc ou rouge suivant la couleur du moût, très apprécié. Bien sûr ce n'est pas du vrai Pineau qui, à la différence de notre vermouth qui sent un peu l'alcool à brûler, est assemblé à partir de jeune C
ognac. On pourrait très bien faire cet assemblage avec du Cognac bas de gamme acheté en magasin.


* le charreau (absent du dictionnaire) : sorte de grande cuve en bois à fond plat de forme ovale, pouvant atteindre 3 m dans sa plus grande dimension servant à charroyer la vendange. Les parois d'environ 1,5 m de hauteur, sont faites d'un assemblage incliné de douelles planes et trapézoïdales conférant au charreau une ouverture évasée. Ne pas confondre avec le tonneau*.
Je l'ai écrit avec 2 r pour faire comme charrette plutôt que comme chariot qui lui n'en prend qu'un.


* La baille : récipient de bois destiné à accueillir la vendange dans les rangs de vigne. On passait un manche de  bois dans les 2 trous percés dans 2 douelles opposées pour transporter le raisin. On les utilisait principalement pour recueillir les raisins blancs qui étaient séparés du raisin noir pour confectionner le fameux "Vin blanc de la Haumuche".
Les bailles pouvaient contenir 50 ou 100 L de raisins qui "tombaient à la baille" lorsqu'on vidait sa cassette dedans !


* Le tonneau : sorte de grande barrique posée debout et sans couvercle destinée à recevoir la vendange pour la fermentation des raisins. les tonneaux ont une capacité variant de 1,5 à 3 hL.
Il était très dangereux de descendre dans le tonneau lors de la fermentation du raisin, car l'atmosphère était constituée principalement de gaz carbonique et l'on pouvait mourir asphyxié.


*La tonne : c'est un petit tonneau, ou une grande barrique, d'une contenance de l'ordre de 500 L. Elle était positionnée debout dans la charrette et pouvait remplacer le charreau lors des vendanges.

* Le bourlot, l'avelot en Charentais : c'est l'évènement qui marque le dernier jour des vendanges.
Bien sûr, maintenant les vendanges ne durent qu'une seule journée,mais j'ai connu une époque où
cela pouvait prendre presqu'une semaine. Lorsque la cueillette était terminée,  pour fêter ça et l'annoncer à la communauté, un gros bouquet était placé sur le dernier charreau redescendu de la vigne.

Le bourlot c'est ainsi que l'on nomme aussi le dernier repas pris par le vendangeurs à l'issue des vendanges. On y mange et boit  bien, mais ça aussi c'est une autre histoire.