dimanche 31 mars 2013

Au gui l'an neuf, l'épilogue des hôtes indésirables.

De l'origine des drôles de bestioles. 
La suspicion qui régnait sur certaines bestioles capables de faire crever les ceps de la Vigne de la Haumuche (VDLH, "louée soit-elle"*) est levée. Rappelez-vous, dans mon message du 18 février dernier intitulé "Des hôtes indésirables", j'évoquais de drôles de choses trouvées sur un piquet de vigne a proximité d'un beau cep de Côt brutalement décédé. Lui même avait côtoyé un autre cep de la même noblesse prestigieuse, et décédé dans les mêmes conditions l'année précédente. C'est lorsque que j'ai découvert les mêmes choses, sur un sarment au moment de la taille que des pistes de recherche se sont naturellement ouvertes à mon esprit. J'en subodorais une origine plutôt végétale. Des échantillons ont été confiés à mon expert en biologie environnementale "Capitaine Roland" (Je l'appelle Capitaine, car Roland est aussi mon Capitaine d'équipe et glorieux partenaire de golf ! J’arrive très rarement à le battre à la loyale..). Vu l'aspect de ce dernier prélèvement, je lui suggérais de regarder du côté du gui... Roland en a tiré les belles photos que voici :

Les choses prélevées sur un sarment fraîchement taillé ne sont pas autre chose que des graines de gui engluées dans une fiente d'oiseau. La fiente a séché et les graines commencent à germer. .

On distingue nettement  la racine verte de la graine de gui qui perfore l'écorce du pampre de la vigne.
 Ce ne sont pas des pénis qui sortent de grosses cochenilles (fantasme de vieux vigneron.), ce sont des graines de gui en pleine germination. Le mode de reproduction du gui est assez surprenant. La graine, toxique pour l'homme, doit passer par l'estomac de l'oiseau pour germer ensuite. Et pas n'importe quel oiseau me dit mon expert. La grive sécrète des sucs qui digèrent la pulpe et préserve la graine. ce n'est pas le cas de tous les oiseaux. Le merle je crois, produit des sucs puissants qui dissolvent tout.
Et voilà, le mystère est levé, ce n'est pas ça qui a fait crever mes 2 ceps. Il me faudra trouver autre chose.

Des hôtes plutôt désirables.
L'autre jour, alors que je finissais d'attacher la vigne, le contrôleur des travaux finis est venu inspecter la vigne. Un beau faisan de Colchide,  a doucement, mais vraiment tout doucement, traversé la vigne juste à côté de moi.
Un beau faisan de Colchide - Phasianus colchinus - (pour Anna, mon autre experte en biologie)
traverse la vigne à pas mesurés. Il est à quelques mètres de moi, pendant que j'attache la vigne.

Je lui ai demandé si tout se passait bien, si  je faisais du bon travail. Il ne m'a même pas répondu, trop fier, trop arrogant ou probablement trop captivé par la belle faisane qui l'attendait près du buisson voisin.
C'est lui que j'entends souvent. Je confonds son chant éraillé avec le bruit caractéristique que produit le fil de fer frottant le long des cavaliers de soutien, lorsqu'on arrache brutalement les sarments taillés qui sont retenus par quelques philambins** coriaces enroulés autour du fil.
 Lui au moins, le faisan, il prend soin de passer sous les fils de fer. Ce n'est pas comme le sanglier, rien ne l'arrête lui. Lorsqu'il veut soulever une touffe d'herbe pour y manger goulument une famille de vers de terre, il passe d'un rang à l'autre en poussant le fil de fer, arrachant quelques cavaliers au passage. J'ai dû en remettre un certain nombre. J'espère qu'il ne recommencera pas, car bientôt les yeux vont éclater, la vigne va débourrer et là les bourgeons sont très fragiles, ils tombent à la moindre vibration.

Le printemps très en retard
L'hiver 2012-2013 est très long, trop long. Nous sommes à Pâques, d'habitude les cerisiers du jardin sont en pleine fleur et on entend le coucou chanter dans la vigne. Cette année, rien, la vigne est muette et les bourgeons figés. Heureusement finalement car il y a encore des gelées assez fortes le matin. La nature s'adapte. Moi, je dois m'adapter aussi en repoussant certains travaux tel le remplacement des ceps crevés. Restons patients.

  • * La VDLH "louée soit-elle". J'ai honoré la vigne de la sorte par une expression inspirée de ma jeunesse, quand j'étais étudiant à Poitiers, sympathisant de l'ordre du Bitard "Loué soit-il". Et bien, les bitardiers m'ont copié en retour car c'est une fille, sans doute pour la première fois, qui est Grande Bitardière et les membres de cette confrérie fort honorable ont dû féminiser l'éloge.
  • ** les philambins : J'ai trouvé ce nom tout récemment dans un article de la NR. Le ou la journaliste définit ce mot comme la traduction, en patois Poitevin, de la vrille de la vigne. je ne me souviens pas que mon grand-père ait utilisé ce vocable, peut-être le prononçait-il et que j'entendais "File, bambin...".





lundi 25 mars 2013

L'attachage de la Vigne de la Haumuche

C'est quoi attacher la vigne ?
"Grand Mildiou ! à moi ! c'est à moi ! c'est mon tour ! Viens me nettoyer, me cajoler, me caresser, m'aligner dans le rang !"
Ce sont tous ces jolis ceps bien taillés qui me font signe, les bois en l'air. Comme de bons élèves dans la classe, j'ai l'impression qu'ils lèvent le bras pour attirer mon attention. "Mais oui, votre tour viendra bientôt. Soyez patients, je n'ai que 2 mains. Cette année, mes assistants ont tous décliné l'invitation. Il fait trop froid, trop humide, trop je ne sais quoi, je me retrouve bien seul avec vous tous à m'occuper."
Mais pourquoi toute cette agitation parmi tous les hybrides avec des noms à numéro qui vous font gagner au tiercé (18 3 15, 6 4 09, encore une petite histoire à raconter...) ? Même les Nobles au nom prestigieux ne se sentent plus : les Côt, les Pinot Noir et même les Gamay si discrets normalement ont les bois levés. Et les jeunes Cabernet, les Sauvignon et les Franc, qui ont été plantés il y a 5 ans maintenant pour les premiers et quatre pour les seconds, arborent un joli bois, vigoureux et plein d'yeux prêts à débourrer.  C'est vrai que j'en ai laissé beaucoup de bois cette année, mais les ceps ont tellement bien profité l'an dernier, ils n'avaient pas de raisins alors ils ont fait de beaux gros sarments après le passage de la maladie. Il faut maintenant s'en occuper.

"A moi, à moi, viens m'attacher les bois."

"Et voilà mes petits ceps vous voici bien attachés comme des bonzaïs"













La taille Guyot se pratique, comme vous le savez (si vous êtes fidèles à ce blog !), en laissant un onglet et un bois. Juste après le passage du vigneron, le bois épargné par le sécateur, porteur de 5 à 8 yeux, se dresse plus ou moins verticalement. Afin que les pampres (jeunes sarments de l'année) à venir se palissent aisément et pour leur donner de l'air, je vais coucher les bois et les fixer à l'horizontale le long d'un fil de fer tiré dans chaque rang, à environ 40 cm du sol. Quelquefois pour les ceps un peu trop hauts ou les bois difficiles à rabattre, je les attache en formant une arcure, un arc de cercle, en repliant le bois jusqu'à ce que son extrémité seulement soit en contact avec le fil de fer et soit attachée (ça c'est plutôt nouveau et j'en connais qui diraient "ah ! ben d'accord, c'était bien la peine de se prendre la tête pour les plier comme il faut, sans les casser, tes bois .").

Le petit tortillon
Concrètement, comme lien, j'utilise des petits bouts de fils de fer, spécialement achetés pour ça. Ils font 10 cm de longueur environ et quelques dixièmes de millimètre de diamètre. Une technique bien rigolote et rapide est mise en œuvre. L'attachage de chaque bois ne doit pas prendre beaucoup de temps, car il y en a beaucoup à attacher. Pensez-donc ! sur 1000 ceps, les 2 tiers ont un bois et certains en ont même 2. Bref, il faut répéter l'opération un grand nombre de fois. Un procédé efficace et prompt est donc indispensable si on ne veut pas y passer sa vie. Alors voici dans cette vidéo jointe la méthode que mon grand-père m'a enseignée il y a bien longtemps.


L'attachage de la vigne et le petit tortillon.

Ça va très vite finalement. Il faut quand même faire attention. Certains cépages donnent des bois durs et cassants, comme le Plantet par exemple et le Pinot noir aussi un peu. Le pire c'est le Noah je crois. Alors il faut y aller tout doucement en les incurvant progressivement. D'autres sont un peu mous, comme le Gamay, le bois se plie et s'enroule bien autour du fil de fer porteur. Seulement une dizaine de bois ont été cassés lors de la manœuvre. Alors je retaille l'onglet, ce n'est rien du tout, pas bien grave, j'aurai juste une petite surprise l'an prochain. L'opération a été effectuée en 10 heures environ cette année. J'avais laissé beaucoup de bois, une belle taille à jus !
Dans le même temps, j'en ai profité aussi pour vérifier tous les cavaliers de maintien du fil de fer porteur sur les piquets de vigne, exclusivement faits d'acacia, un bois imputrescible. (J'ai une anecdote sur l'acacia qu'il faudra que je publie aussi.) J'ai aussi renforcé et redressé quelques piquets et remis quelques crochets (des pointes tordues à angle droit) pour retenir les 2 boucles en fil de fer de maintien des sarments dans le rang. Il faut dire que, bien que très vieux pour certains, les piquets de vigne sont globalement en bon état. Le bois d'acacia est vraiment dur et enfoncer une pointe dans un piquet sans avoir d'appui (inertiel) important relève souvent de l'exploit. La pointe se tord avant même d'avoir atteint le cœur du bois. Mon père avait bien travaillé pour réaliser les structures de soutien de sa vigne. Je me souviens, on avait enfoncé ensemble, avec un outil spécial, une sorte de tarière, des ancrages d'extrémité des fils de fer. Ceux-ci sont  réalisés à partir d'une tige métallique de 80 cm de longueur, avec une coupelle d'acier vrillée montée à leur extrémité que l'on vissait dans le sol. Mon père se procurait ces accessoires quand il allait faire le plein de pantoufles en Vendée. Il avait repéré un fournisseur de vignerons dans le  Muscadet, dans un village proche de Nantes je crois. Il adorait s'arrêter là-bas et rapportait des gadgets (les ancrages, des filets à oiseaux et plein de petites choses utiles au vigneron...). Il avait aussi remplacé de nombreux piquets (on les reconnait bien au chanfrein qu'il faisait à la tronçonneuse à leur extrémité.). Il avait innové en installant, dans chaque rang, une boucle de fil de fer de relevage de la vigne. Au bout du rang il avait accroché les fils de fer à des coulisses, sortes de demi-cercle en rond de métal ressemblant fort à des anses de seau. Lorsqu'on veut remonter les fils de fer à mesure que pousse la vigne, on fait glisser les coulisses sur le dernier piquet du rang et on fait passer le fil de fer dans les crochets placés à bonne hauteur sur chaque piquet. C'est très pratique et rapide, bien plus rapide que l'ancien système qu'on utilisait quand j'étais jeune. On attachait les pampres avec des brins de raphia. Le brin fragile cassait tout le temps et la gerbe de sarments, serrée entre les bras qui s'ouvraient, retombait en s'éclatant Il fallait tout recommencer. J'ai rajouté une deuxième boucle de relevage l'été dernier. Je viens de la terminer cet hiver en plaçant des coulisses aux extrémités car j'avais juste, par fainéantise, entouré l'extrémité des fils aux derniers piquets. Ça fait plus joli et comme il y a des jeunes et vieux ceps, les sarments ne sont pas tous de la même taille, il faudra garder toute la saison la boucle la plus basse en place, à 70 cm du sol. La deuxième boucle viendra, dans l'été, contenir les sarments en la relevant à environ 1 m du sol.

La vigne pleure
Voilà, tous les travaux préliminaires sont achevés. La vigne est parée pour une nouvelle saison. Je prends le temps de faire une dernière inspection, un tour dans les rangs, les mains et le sécateur dans les poches. Juste un petit coup de pied dans un silex qui a roulé au milieu du rang pour le remettre près d'un cep, afin de préserver, plus tard, la tondeuse, me sort de ma marche régulière à pas lents et feutrés pour ne pas déranger la nature qui somnole encore.
La vigne est parée offrant une belle perspective.
Le printemps peut maintenant arriver.
Je perçois de ci de là des petites gouttes liquides sur les ceps.  Enfin la vigne pleure. Les extrémités des bois taillés récemment laissent perler une goutte de sève. Un chapelet de petits diamants couleur soleil couchant s'égrainent dans les rangs, ils brillent de mille feux, c'est beau. Pleurent-ils de joie ou de tristesse ces jolis ceps ?

La poussée de sève qui apparaît au printemps serait donc
due à une pression plus élevée  dans le système racinaire 
que dans l'air à la pression atmosphérique.
Lorsqu'on coupe un sarment, le bouchon
 qui empêchait la sève de s'écouler est temporairement rompu. 
Le liquide sort jusqu'à ce que la pression s'équilibre
 ou que les pores se bouchent. J'attribuerais ce phénomène
 à un phénomène de pression osmotique, les sels ou sucres d'ailleurs,
emmagasinés dans les racines avant l'hiver,
aspirent l'eau du sol, faisant monter la pression interne dans le végétal.
Ceci ne se produit qu'au printemps car
 d'autres phénomènes doivent entrer en action. 
L'écoulement est bloqué en hiver, les bourgeons sont contractés, 
le fluide est trop visqueux, des composés chimiques ont besoin de froid pour se révéler...
 Les variations de température modifient les propriétés
 thermophysiques de la sève (viscosité par exemple), 
mais aussi des capteurs internes au végétal peuvent 
sans doute agir sur le débit de la sève
 en ouvrant ou fermant les pores à volonté. 
Plus tard, la pression capillaire deviendra dominante 
avec l'apparition du feuillage et l'évapotranspiration. La circulation de sève sera plus intense.
Tout ça mérite d'être approfondi. 
On peut aussi penser qu'une taille tardive (en mars donc)
 s'effectuant avec un mouvement de sève non nul,
 favorise l'apport d'éléments réparateurs
 dans les plaies de taille et accélère la cicatrisation. 

dimanche 24 mars 2013

La taille de la Vigne de la Haumuche, la fin de l'opération

Le bilan de la taille
La campagne de taille 2013 s'est achevée les 12 et 13 mars. Le 12 au matin environ 50 ceps ont été taillés et le reste le lendemain.
Si on fait le bilan de cette opération, ce sont 1000 ceps environ qui ont ainsi été préparés pour répondre aux mieux aux exigences de la qualité et surtout de la beauté de la vigne. Je ferai un décompte plus précis une autre fois.
Cette taille c'est aussi une activité intellectuelle stimulante. Chaque cep ou presque demande réflexion, "Vais-je laisser ce bois ou celui-ci ?" ; "Si je charge trop, ça va le fatiguer". Je me lève, regarde l'harmonie du pied "Bon ça ira comme ça !"ou bien "J'en ai vraiment trop laissé, allez supprimons ce bois..." Rien n'est répétitif, heureusement car je hais le travail de routine, il me faut du changement, de l'inventif, des situations à choix multiples. Alors les nombreux cépages et aussi la grande variété de conduite de taille (bien que globalement j'ai expliqué que cette taille était basée sur une ou 2 idées simples) me comblent de petits plaisirs. Il y a même parfois un peu de stress ou de tension, "Zut, j'ai coupé le chicot trop court !", "Mais pourquoi n'ai-je pas laissé ce bois ?". Mais finalement ce n'est rien de bien grave. On arrangera ça l'année prochaine, il faudra juste réfléchir un peu.
La taille c'est comme gouverner, il faut prévoir et non prédire (j'y tiens) à court et long terme. Il convient de préparer la fructification de la saison qui débute, mais aussi la taille de l'année prochaine (rappelez-vous : bois, vieux bois, très vieux bois...) et la conduite à plus long terme pour obtenir des ceps bien équilibrés. Pas trop hauts sur pied, ils ne profiteront pas de la chaleur du sol. Ni trop petits, ils seront invisibles si l'herbe pousse. 
Voilà, ça y est, je les ai bien bichonnés tout ces petits bonzaïs, je suis satisfait du résultat. J'espère que je ne me suis pas trop trompé.
Mais c'était un réel plaisir. cela fait maintenant 6 années que j'ai pris en main cette taille et maintenant je la sens bien cette vigne. Les ceps ont une allure qui me plait bien, je comprend les tailles précédentes et bien souvent la coupe de l'année est évidente et simple à réaliser. L'application de la théorie se fait tout naturellement. J'espère qu'il en sera ainsi l'année prochaine et les suivantes.
On va peaufiner la préparation maintenant en attachant les bois...

Que faire des sarments ?
Comme l'année dernière d'ailleurs, lors de la taille, j'ai fait suivre une brouette (les fans du blog ont dû l'apercevoir à plusieurs reprises) dans laquelle je mettais mes outils (sécateur de secours, désinfectant, gros sécateur, cisaille à branches, scie à élaguer, plan de la vigne...) mais aussi les sarments coupés. 3 ou 4 fois par rang, j'allais vider la brouette dans la petite remorque et transportais le tout jusqu'à la maison.
Georges, l'ami d'Hélène Penot, m'a dit que dans les grands crus de Touraine, les vignerons recrutaient des ramasseurs de bois, pour récupérer les sarments coupés et les sortir de la vigne. Parfois j'en rêve, que de temps gagné, mais la vigne supporterait-elle l'intrusion d'amateurs dans ce haut lieu, "ce Haut Muche" (Tiens d'où vient ce nom, La Haumuche ?), elle pourrait s'en offusquer la vigne car elle est bien susceptible !
Les sarments sont ensuite passés dans un petit broyeur électrique pour les transformer en "Bois Raméal Fragmenté" dit BRF (sic).
Le  broyeur à branches et la remorque débordant de sarments.
180 kg de BRF ont ainsi été récupérés.

Ce paillis est retourné dans la vigne et répandu au pied des ceps. L'année dernière j'en avais mis une couche pas très épaisse dans un rang (l'extrémité Sud du rang 5 Nord, pour être précis !!). Cette année j'ai protégé les ceps poussant dans le rang diagonalement opposé (rang 1 Nord, extrémité Nord !!). J'en ai mis plus épais pour voir, une bonne couche mais ça en couvre moins long, un bon tiers du rang seulement..
Le BRF est répandu au pied des ceps.
La crainte à avoir c'est que ces sarments broyés sont très probablement porteurs de maladie. Il est vrai que l'an dernier l'épidémie de mildiou (coucou Grand Mildiou !) et surtout de suette (oïdium pour les étrangers !) a été violente et de nombreux sarments sont sans doute porteurs de mycélium (maladies cryptogamiques = champignon = mycelium). Tant pis, on verra bien. J'ai mis ce paillage sur des ceps plutôt résistants aux maladies. dans ce rang ce sont principalement des Noah qui ont été plantés.
Ah ! oui, il va falloir que je la fasse cette rubrique sur les Noah ! 
Chaque fois que j'évoque la VDLH*
on me demande, s'il y pousse des Noah.
Et puis il faut que je réponde au message de Stéphanie.  
*- je ne dis pas à quoi correspond ce sigle pour la première fois -
Il faudra rester vigilent et surveiller l'apparition de maladie dans ce coin là.

A propos de maladie, j'ai imaginé un petit dispositif pour désinfecter mes outils de coupe. Les spécialistes demandent de bien désinfecter les sécateurs et autres outils entre chaque plante, mais je ne me suis pas bien renseigné pour savoir comment ils font. Alors moi, j'ai vidé un petit flacon d'éthanol (le produit qu'on trouve partout depuis l'épidémie de grippe A pour se désinfecter les mains.) dans un sachet plastique pour congélateur qui se ferme bien et qui contenait du papier essuie tout. Alors, de temps en temps, je frotte mon sécateur avec le papier imbibé, pas systématiquement, mais surtout quand je viens de tailler un cep qui a été bien malade, c'est toujours ça.

La taille est achevée, j'en suis bien content, il n'y aura plus qu'à terminer les travaux de printemps un autre jour. En attendant, je contemple le résultat. Au printemps, le coucher de soleil est encore plein Ouest et je peux profiter de son éclat bien rougeoyant jusqu'aux derniers instants du jour, en sirotant une petite bière

mardi 12 mars 2013

La taille de la Vigne de la Haumuche, la pratique

L'approche
Quand je m'approche du cep, mon sécateur à la main, j'examine d'abord son allure. Attention ce cep est trop haut, un peu trop sorti du rang, ou mal équilibré, il faudra rattraper ça. 
Ensuite je regarde son état général. Si de nombreux bois ont poussé, plus d'une dizaine parfois, s'ils sont bien gros, du diamètre du petit doigt au moins, si les extrémités ne sont pas mortes et flétries, je vais "tailler à jus" en préservant un grand nombre d'yeux. Si le cep est moins vigoureux, bien sûr je vais limiter le nombre d'yeux restants pour ne pas le fatiguer. Si le cep est bien fatigué je vais tenter une taille de rajeunissement, en supprimant parfois une tête et ne laisser que 2 yeux bien placés. Il y a 6 ans maintenant que j'ai repris la vigne en main. Les premières campagnes j'utilisais souvent la grande cisaille et la scie pour reformer les ceps, les rabattre un peu, supprimer des têtes mortes et les chicots
Les ceps doivent être beaux et propres. Esthétique et bon hygiène sont des critères majeurs pour moi. La vigne est avant tout un œuvre d'art, un tableau vivant s'intégrant harmonieusement dans le paysage captivant du Pinail et de la forêt de Moulière tout proches. Même les fils de fer et les piquets de vigne, objets techniques, doivent se placer dans ce contexte. Plaqués au sol en début de campagne ou cachés par les bois restants, les fils de fer vont plus tard être relevés et se mêler à la végétation  tout en maintenant les branches bien droites dans le rang. J'ai à cœur d'avoir une belle vigne et si elle ne donne pas beaucoup de vin, ce n'est pas bien grave.
Je repère ensuite les bois laissés l'année passée. Ils sont maintenant devenus des vieux bois pour la campagne présente. Je vois mieux ce qu'ils ont donné, une ramure abondante, ou au contraire maligne. Cette vision va conforter mon choix sur la sévérité de la taille à entreprendre.  Je fais confiance au maximum à la taille de l'année passée. C'est en effet une stratégie qui s'étale sur plusieurs années. Les bois que l'on va laisser doivent redonner forme et équilibre au cep, produire des raisins et enfin préparer la taille de l'année prochaine.
Alors concrètement comment s'y prend-on ?

La coupe
Lorsque je m'agenouille devant le cep (Je porte des genouillères de carreleur et ainsi je vois mieux ce que je fais tout en préservant le dos d'une crise de sciatique.), je considère les 2 types de bois laissés l'année passée, les mais  et les longs  bois de l'année dernière sont devenus des vieux bois maintenant. Expliquons-nous :
Les mais ou les onglets. C'est comme ça qu'on nomme dans le Poitou ce que d'autres appellent les coursons. Ce sont des bois courts préservés l'année dernière, qui possédaient 2 yeux (on ne compte pas le bourillon) et qui, quand tout va bien, ont donné 2 bois dans l'année. 
Je vais garder le bois le plus près de la base et le couper à environ 1 cm après le 2ème bourgeon et même pour les puristes, un peu en biais avec une petite pente opposée à l’œil et si possible face au vent dominant (pour que l’eau de pluie s'écoule mieux). J'obtiens un nouveau mai, qui donnera 2 bois avec des raisins. Ainsi de suite, l'année prochaine, je formerai un nouvel onglet avec le bois le plus près de la souche coupé à 2 yeux. Le cep n'aura grandi que de un ou deux centimètres en une année.

Jeune cep sur lequel le mai (ou onglet ou courson)
de l'an dernier a produit 2 bois.

J'ai gardé un mai taillé au-dessus du 2ème œil.





















Les bois ou longs bois. Si l'état du cep le permet, je vais aussi préserver le sarment qui a poussé à partir du 2ème bourgeon sur l'onglet laissé l'année passée. Je compte de 5 à 8 yeux à partir de la base suivant sa vigueur, je castre un ou 2 yeux au-dessus  et je coupe le reste . Il faut que le bois ait une longueur suffisante, de l'ordre de 50 cm pour être palissé sur le fil de fer du bas. Une fois paré, c'est-à-dire une fois enlevés les restes de vrilles ou de grappes pour ne laisser qu'un joli bois bien net avec ses yeux bien dégagés, j'obtiens le bois qui va produire beaucoup de raisins sur les 5 à 8 sarments qui vont pousser cette année à partir des bourgeons restants.

Cep taillé en taille Guyot simple l'année dernière.

Le même après la taille de nouveau en Guyot simple,
avec un mai et un bois laissés sur le mai de l'an dernier








 






Chaque tête du cep est considérée individuellement. Si le cep ne possède qu'une tête  j'obtiens une taille en onglet en ne laissant qu'un mai (comme c'est le cas sur les photos du jeune cep). Si je laisse un onglet et un bois sur le même courson de l'an dernier, j'obtiens ce que les spécialistes appellent une taille Guyot simple. Si le cep possède plusieurs têtes, j'obtiens une taille en gobelet, c'est très beau un gobelet à 3 têtes. Pour un cep à 2 têtes bien vigoureux, si, sur chaque tête, je laisse un mai et un bois, j'obtiens alors une taille guyot double. Si un accident s'est produit sur un des onglets de l'an dernier, je fais une taille guyot mixte avec un Guyot simple sur une tête et seulement un onglet sur la tête endommagée.
Un beau cep de Pinot Noir avant sa taille
(on distingue la taille Guyot double de l'an dernier)

On a reproduit une taille Guyot double
à partir des 2 onglets laissés sur chaque tête.















Quelques rares ceps à 3 têtes sont taillés sous forme Guyot sur chaque tête. Les bois sont alors difficiles à attacher sur le fil de fer et mes assistants râlent. Je m'arrange aussi pour que les bois restent dans un axe propice au rabattage sur le fil de fer. 
Je ne pratique pas d'autre forme de taille a priori. Quelques adaptations ont été toutefois nécessaires les années passées et même parfois encore pour redonner aux ceps un aspect correct. Il m'arrive de laisser un onglet sur le très vieux bois pour l'an prochain. 
Voilà, j'ai tout dit ou presque sur la taille. Il n'y a plus qu'à procéder gaiement.

La campagne de taille 2013
Cette année, j'ai commencé la taille en février. Plus précisément :le
19/02/2013, les rangs 1 Nord et 2 Nord,environ 30 ceps  en 1h30 
23/02/2013 les rangs 1 Nord et 2 Nord,environ 30 ceps  en 1h30 
23/02/2013 les rangs 1 Nord et 2 Nord,environ 30 ceps  en 3h avec Stéphanie 




qui devient experte
24/02/2013, les  rangs 1 Nord et 2 Nord,environ 30 ceps  en 1h 30 
25/02/2013, les rangs 1 Sud et 2 Sud,environ 30 ceps  en 1 h 30
26/02/2013, les rangs 1 Sud et 2 Sud,environ 50 ceps  en 3h
03/03/2013, les rangs 1 Sud et 2 Sud, environs 30 ceps en 2 h 
03/03/2013, les  rangs 1 Sud et 2 Sud, 10 ceps et les 


rangs 4 Sud et 5 Sud, environ 50 ceps en 3 h
04/03/2013, les rangs 4 Sud et 5 Sud, environ 50 ceps


le rang 3 Sud environ 30 ceps  en 3 h 30
05/03/2013, fin du rang 3 Sud et 40 ceps des rangs 5 Nord et 4 Nord en 3 h
10/03/2013, 30 ceps rangs 5 Nord et 4 Nord et 20 ceps rang 3 Nord en 2 h
11/03/2013,  15 ceps rang 3 Nord en 1h




Le mauvais temps et la garde des petits enfants retardent la fin de l'opération. Il reste environ 100 ceps à tailler, 3 petites heures encore et ce sera bouclé pour cette campagne.



On verra à la fin de cette semaine ou la semaine prochaine, rien ne presse vraiment, les ceps ne pleurent pas et le débourrage n'est pas pour demain.


































lundi 11 mars 2013

La taille de la Vigne de la Haumuche, la technique


La technique de la taille

La vigne est une liane qui peut se développer de plusieurs mètres en une seule année. Si on ne fait rien, les ceps vont produire une multitude de petits raisins de piètre qualité. On va donc les tailler de façon à limiter ce développement anarchique. On obtiendra des raisins plus gros, qui prendront plus de lumière et qui mûriront mieux. Ils seront aussi plus faciles à cueillir lors des vendanges.  Les raisins mieux aérés seront en meilleure santé. Ils auront besoin de moins de traitements contre les maladies et l'entretien sera plus aisé. Voici donc quelques bonnes raisons de tailler la vigne. Mais comment peut-on s'y prendre devant ce fouillis de branches, on dit de sarments, qui partent de n'importe où et vont dans tous les sens ?
Le fouillis de branches avant la taille.
Les mêmes ceps après la taille













Pour cela il faut respecter, je crois, quelques principes de base simples et connaître un peu mieux ces ceps. Alors, examinons un peu tout ça :
Le très vieux bois
Un cep de vigne est constitué d'un tronc plus ou moins torturé et fragmenté éventuellement en plusieurs têtes, de grosses branches. Le tronc et les têtes sont recouverts d'une écorce très foncée, presque noire, très rugueuse, pelucheuse même, possédant de nombreux sillons. C'est le très vieux bois. Dans la VDLH (Vigne de la Haumuche) la taille (la hauteur !) des ceps est assez réduite, de l'ordre de 40 cm pour les plus hauts, soit juste un peu au-dessous de la hauteur du premier fil de fer.  Le très vieux bois peut même être très très vieux, de l'âge du cep, parfois 20 ou même 50 ans ! Plantés environ tous les mètres, les ceps à l'écorce très foncée s'alignent dans les rangs distants d'un mètre quatre-vingts centimètres, montrant à la fin de la taille, leur tête souvent en forme de chandelier de laquelle partent les sarments préservés.
Les ceps en forme de chandelier juste après la taille.
Les sarments
Et ensuite : du tronc, mais aussi parfois de la base du cep, partent les branches. Ce sont  les sarments.
On distingue aisément 2 sortes de sarments. 
On trouve ceux qui ont poussé l'année passée, les jeunes sarments et ceux qui ont poussé l'année d'avant.
Ces derniers sont les vieux bois. Ils commencent à avoir de l'écorce, de nombreux sarments ont poussé dessus. Leur diamètre atteint 1 à 2 cm, voire un peu plus sur les ceps très vigoureux.
Les jeunes sarments ou bois ont la peau assez lisse de couleur variable suivant les espèces, très jaune orange sur les ceps de Chardonnay par exemple, ils passent au marron clair sur les pieds de Plantet (c'est le nom noble qui a été donné au fameux hybride 54-55). Sur le Pinot noir ils sont plus plutôt bruns. Les sarments virent même au rouge sur les porte-greffe ou les cépages américains tel le Noah. On retrouve toute une palette de couleurs dans les sarments entassés après la taille.
Les yeux
Si on regarde ces sarments d'un peu plus près, tout de suite on distingue les yeux. Et oui, les ceps ont des yeux ! C'est le nom que l'on donne aux bourgeons qui se sont formés de façon alternée (2 yeux successifs sont diamétralement opposés sur 2 nœuds adjacents) au niveau des nœuds sur les jeunes branches et qui vont donner les nouveaux sarments au printemps prochain. Il faut être attentif pour reconnaître tout à fait à la base du sarment (là ou le bois se rattache au cep ou au vieux bois) un petit œil dormant, c'est le bourillon.
Le bourillon
 C'est un œil dormant, c'est-à-dire qu'il ne devrait pas se transformer en branche, contrairement aux premiers yeux, qui parfois sont tout près de la base du sarment. Ceux-ci sont déjà un peu gonflés au mois de mars, signe qu'ils vont bientôt débourrer pour former un sarment.  Le bourillon est à peine apparent, mais c'est le sauveur. En effet, en cas de gel, si les bourgeons ou les tout jeunes sarments ont été détruits par une vilaine gelée d'avril ou de mai (lors des saints de glace) le bourillon se réveille et va donner le sarment de secours bien utile pour la survie de la vigne.

Pas de raisins sur les très vieux bois.
Il faut aussi avoir à l'esprit quelques caractères spécifiques de la vigne, à savoir que la vigne ne produit des raisins que sur les sarments à venir issus de bourgeons portés par les bois (les jeunes sarments). Les bourgeons placés sur les vieux bois et très vieux bois  donneront des sarments stériles en général. je dis en général car cette affirmation n'est vraie que pour les cépages nobles, pas pour les hybrides ni les cépages américains, ce qui a aussi contribué à leur succès car de fait plus productifs que les cépages nobles.

Le grand principe
La taille consiste donc d'abord à éliminer les vieux bois que l'on a laissés l'année d'avant, les bois qui ont poussé dans l'année directement sur le très vieux bois pour ne garder que quelques bois desquels émergeront des sarments productifs de raisins et aussi susceptibles de fournir les bois de l'an prochain. Ensuite on prend soin de sélectionner les bois qui ne grandissent pas le cep, qui gardent un certain équilibre entre les têtes ou confèrent un aspect compact au cep. On élimine d'abord et on choisit ensuite, c'est comme pour les élections.
Après, le détail de la longueur des bois restants, dans le choix des coursons, onglets, mais, ou bois, longs bois, astes ou lattes sera donné dans le chapitre consacré à la pratique de la taille.

La pratique de la taille

" Taille tôt, taille tard, rien de vaut la taille de mars."
A suivre



mardi 5 mars 2013

La taille de la Vigne de la Haumuche, l'esprit de la taille

L'esprit de la taille

La taille de la vigne constitue sans doute l'intervention la plus excitante dans la vigne. 
A la fin de l'hiver, on va procéder au grand nettoyage de la vigne en supprimant la grande majorité des sarments qui ont poussé durant l'année précédente. C'est le grand désordre dans les rangs et on va remettre tout ça en ordre, bien aligné, bien "rangé".
Lors des principaux travaux dans la vigne, comme l'échenillage, les traitements, le rognage ou autres, les ceps sont tous considérés de la même façon. On regarde le rang, l'ensemble. Mais là, lors de la taille, chaque cep retrouve sa personnalité, il devient une véritable entité, un exemplaire unique avec ses particularités, son aspect, sa vigueur, son histoire, ses cicatrices... 
Alors, je l'examine avec attention, l'inspecte, le bichonne. Je sculpte véritablement sa matière vivante pour obtenir les résultats techniques et esthétiques recherchés. Oui ! Un cep taillé doit être beau, harmonieux dans ses lignes. Il doit dégager de la force et laisser deviner un développement vigoureux et bien équilibré. 
Je travaille le plus souvent à genou, comme en prière, c'est surtout que ça soulage mon dos toujours un peu fragile. Et je le vois mieux Le Cep. Je repère les coupes de l'année passée. "Tiens ici la gelée n'a pas permis de développer le bois que je cherchais à obtenir". "Quel régal pour celui-là, je coupe là et là et ce sera parfait". 
Sur un vieux cep, je vois de nombreux restes de coupe. Ces grosses marques là, sur le côté, c'est mon vieux père qui les a pratiquées sans aucun doute. Quand j'étais jeune, il me suivait de près quand on taillait "Taille le pas trop haut celui-là, il faut qu'il profite de la chaleur des silex. Enlève encore un œil, t'en laisse trop, ça va le fatiguer..."  Me disait-il. Aujourd'hui, je pense souvent à ce que m'aurait dit mon père sur un cas difficile. Il y avait débat, et souvent accord, mais toujours je l'écoutais. Il avait le sens de la bonne taille.
Aujourd'hui, un couple de perdrix est venu admirer la taille de la vigne.
Plus loin, ce cep paraît encore plus vieux, mon grand-père aurait pu s'en occuper. Alors je me prends d'affection pour ce survivant et me mets à rêver. Je le revois, mon grand-père, tapotant le cep avec le bout de son sécateur et me disant "Tu vois celui-là, c'est un tank, un teinturier... tu peux lui laisser un bon bois car il est vigoureux...". Et puis, après avoir terminé la toilette dudit cep, il se relevait pour admirer son travail. Il prenait alors le temps de se rouler, d'une seule main  (véridique !), une de ses fameuses cigarettes (il m'a fait goûter ! Mais moi j'avais droit à une cigarette de poitrinaire comme il disait, fine comme un bâton de sucette et seulement les jours de fête.). Après avoir soigneusement puisé du pousse et de l'index une pincée de tabac dans le petit sac de Gris, il la déposait très délicatement dans la feuille de Job qu'il avait étalée entre l'autre pouce et l'autre index et creusée d'un petit sillon d'un geste rapide de petit doigt tendu. D'une manipulation digne d'un prestidigitateur, trois doigts se contorsionnaient et la cigarette apparaissait soudain entre ses doigts. Il humectait d'un coup de revers de langue, entre 2 mots de son histoire, le bord du papier et s'assurait de l'étanchéité de la jointure. Satisfait, il portait le régulier cylindre blanchâtre à ses lèvres. Il l'allumait souvent plus tard, à la fin de son histoire, beaucoup plus tard donc, et le mégot au coin de la lèvre, oscillant au rythme des syllabes, mon grand-père se penchait sur le cep d'après...
Oh ! Celui-là, je me souviens c'est Aline ou peut-être Anna qui l'ont taillé il y a 2 ans. Une belle tentative, originale et astucieuse pour redonner à ce cep une fière allure en laissant un petit onglet assez bas pour que je puisse le rabattre maintenant. Je ne m'en prive pas, ce cep avait l'air d'une girafe.
La taille, c'est vraiment un moment fort. Rien n'est répétitif, chaque cep est un cas particulier, il faut examiner, réfléchir, échafauder un scénario, puis passer à l'acte, avec un peu de stress même parfois. Si la manœuvre échouait ?. Il y a de l'émotion, des souvenirs aussi. Aujourd'hui, il faisait très beau, même un peu chaud, un petit vent de sud soufflait par intermittence transportant les premiers chants du faisan faisant sa cour. Je comprends pourquoi j'aime ça tailler la vigne...

La technique de la taille

à suivre

La pratique de la taille

à suivre