lundi 11 mars 2013

La taille de la Vigne de la Haumuche, la technique


La technique de la taille

La vigne est une liane qui peut se développer de plusieurs mètres en une seule année. Si on ne fait rien, les ceps vont produire une multitude de petits raisins de piètre qualité. On va donc les tailler de façon à limiter ce développement anarchique. On obtiendra des raisins plus gros, qui prendront plus de lumière et qui mûriront mieux. Ils seront aussi plus faciles à cueillir lors des vendanges.  Les raisins mieux aérés seront en meilleure santé. Ils auront besoin de moins de traitements contre les maladies et l'entretien sera plus aisé. Voici donc quelques bonnes raisons de tailler la vigne. Mais comment peut-on s'y prendre devant ce fouillis de branches, on dit de sarments, qui partent de n'importe où et vont dans tous les sens ?
Le fouillis de branches avant la taille.
Les mêmes ceps après la taille













Pour cela il faut respecter, je crois, quelques principes de base simples et connaître un peu mieux ces ceps. Alors, examinons un peu tout ça :
Le très vieux bois
Un cep de vigne est constitué d'un tronc plus ou moins torturé et fragmenté éventuellement en plusieurs têtes, de grosses branches. Le tronc et les têtes sont recouverts d'une écorce très foncée, presque noire, très rugueuse, pelucheuse même, possédant de nombreux sillons. C'est le très vieux bois. Dans la VDLH (Vigne de la Haumuche) la taille (la hauteur !) des ceps est assez réduite, de l'ordre de 40 cm pour les plus hauts, soit juste un peu au-dessous de la hauteur du premier fil de fer.  Le très vieux bois peut même être très très vieux, de l'âge du cep, parfois 20 ou même 50 ans ! Plantés environ tous les mètres, les ceps à l'écorce très foncée s'alignent dans les rangs distants d'un mètre quatre-vingts centimètres, montrant à la fin de la taille, leur tête souvent en forme de chandelier de laquelle partent les sarments préservés.
Les ceps en forme de chandelier juste après la taille.
Les sarments
Et ensuite : du tronc, mais aussi parfois de la base du cep, partent les branches. Ce sont  les sarments.
On distingue aisément 2 sortes de sarments. 
On trouve ceux qui ont poussé l'année passée, les jeunes sarments et ceux qui ont poussé l'année d'avant.
Ces derniers sont les vieux bois. Ils commencent à avoir de l'écorce, de nombreux sarments ont poussé dessus. Leur diamètre atteint 1 à 2 cm, voire un peu plus sur les ceps très vigoureux.
Les jeunes sarments ou bois ont la peau assez lisse de couleur variable suivant les espèces, très jaune orange sur les ceps de Chardonnay par exemple, ils passent au marron clair sur les pieds de Plantet (c'est le nom noble qui a été donné au fameux hybride 54-55). Sur le Pinot noir ils sont plus plutôt bruns. Les sarments virent même au rouge sur les porte-greffe ou les cépages américains tel le Noah. On retrouve toute une palette de couleurs dans les sarments entassés après la taille.
Les yeux
Si on regarde ces sarments d'un peu plus près, tout de suite on distingue les yeux. Et oui, les ceps ont des yeux ! C'est le nom que l'on donne aux bourgeons qui se sont formés de façon alternée (2 yeux successifs sont diamétralement opposés sur 2 nœuds adjacents) au niveau des nœuds sur les jeunes branches et qui vont donner les nouveaux sarments au printemps prochain. Il faut être attentif pour reconnaître tout à fait à la base du sarment (là ou le bois se rattache au cep ou au vieux bois) un petit œil dormant, c'est le bourillon.
Le bourillon
 C'est un œil dormant, c'est-à-dire qu'il ne devrait pas se transformer en branche, contrairement aux premiers yeux, qui parfois sont tout près de la base du sarment. Ceux-ci sont déjà un peu gonflés au mois de mars, signe qu'ils vont bientôt débourrer pour former un sarment.  Le bourillon est à peine apparent, mais c'est le sauveur. En effet, en cas de gel, si les bourgeons ou les tout jeunes sarments ont été détruits par une vilaine gelée d'avril ou de mai (lors des saints de glace) le bourillon se réveille et va donner le sarment de secours bien utile pour la survie de la vigne.

Pas de raisins sur les très vieux bois.
Il faut aussi avoir à l'esprit quelques caractères spécifiques de la vigne, à savoir que la vigne ne produit des raisins que sur les sarments à venir issus de bourgeons portés par les bois (les jeunes sarments). Les bourgeons placés sur les vieux bois et très vieux bois  donneront des sarments stériles en général. je dis en général car cette affirmation n'est vraie que pour les cépages nobles, pas pour les hybrides ni les cépages américains, ce qui a aussi contribué à leur succès car de fait plus productifs que les cépages nobles.

Le grand principe
La taille consiste donc d'abord à éliminer les vieux bois que l'on a laissés l'année d'avant, les bois qui ont poussé dans l'année directement sur le très vieux bois pour ne garder que quelques bois desquels émergeront des sarments productifs de raisins et aussi susceptibles de fournir les bois de l'an prochain. Ensuite on prend soin de sélectionner les bois qui ne grandissent pas le cep, qui gardent un certain équilibre entre les têtes ou confèrent un aspect compact au cep. On élimine d'abord et on choisit ensuite, c'est comme pour les élections.
Après, le détail de la longueur des bois restants, dans le choix des coursons, onglets, mais, ou bois, longs bois, astes ou lattes sera donné dans le chapitre consacré à la pratique de la taille.

La pratique de la taille

" Taille tôt, taille tard, rien de vaut la taille de mars."
A suivre



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire